The Years of Rice and Salt, très maladroitement traduit chez nous sous le titre Chroniques des années noires est une uchronie prenant son point de départ au XIVe siècle.
La peste bubonique, au lieu de décimer environ un quart de la population comme ça a été le cas, fait disparaître la quasi totalité de l'Europe chrétienne, laissant l'Islam et l'Asie devenir les civilisations dominantes.

S'étalant sur plus de 700 ans, The Years of Rice and Salt est découpé en 10 chapitres, chacun se déroulant dans un pays et à une époque différente, Kim Stanley Robinson ayant choisi de nous faire découvrir son univers au travers de différentes histoires, sans jamais véritablement chercher à tout expliquer ni à nous imposer une chronologie des évènements ultra précise. Sans véritable point de vue global, l'histoire avance grâce aux personnages et, là où l'auteur fait fort, c'est qu'on suit les réincarnations des mêmes protagonistes, un sentimental, un révolté et un intellectuel, au fil des époques, transformant le roman en véritables quêtes personnelles.

A travers ce gros pavé s'étalant sur plus de 700 pages (plus de 1000 en poche) et tout en abordant de très nombreuses thématiques, en particulier sur la religion et la place des femmes dans la société, Kim Stanley Robinson nous offre un véritable voyage au sein d'un monde à la fois très différent et très proche du notre, et nous permet d'assister à des versions alternatives de la colonisation de l'Europe, de l'évolution des sciences et des moeurs, de la découverte de l'Amérique ou encore à une "WWI" religieuse s'étalant sur plusieurs dizaines d'années. Tout ça jusqu'à un final sous forme de mise en abîme revenant sur l'Histoire avec un grand H, sur la façon dont l'Homme l'écrit et sur la façon dont il s'en sert.
Le côté religieux est assez développé et de nombreux passages du roman se situent dans le Bardo où l'on retrouve les différents personnages, entre deux vies, attendant d'être réincarnés (parfois sous la forme d'animaux !) donnant à l'ensemble un côté spirituel assez étrange et assez atypique.
Mighty-Forest
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le 21 janv. 2012

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