La moyenne des deux s'établissant à 5,5 mais le premier étant cinq fois plus long que le second, il m'a paru plus logique d'établir une note de 5.
Cinéma (4/10) :
J'avoue : je ne m'attendais pas à ça. Alors que j'imaginais un roman évoquant un personnage organisant sa vie autour du « Limier », il s'agit en réalité d'une très (très, très, trop) longue analyse à peine caché du film, où un narrateur à moitié fou nous explique son ressenti, ses sensations, ses interprétations de chaque scène, parfois poussés jusque dans le moindre détail. Heureusement que ce n'est pas trop long, n'empêche : difficile de vous écrire que je ne me suis pas régulièrement ennuyé durant cette grosse centaine de pages. Ce n'est pourtant pas faute d'aimer le chef-d'œuvre de Joseph Mankiewicz, effectivement l'un des plus grands films de l'Histoire du cinéma, à mon sens.
Mais là, c'est juste trop, au point de presque me retourner contre ce dernier. C'est aussi le style du livre qui veut ça : de loooongues phrases, pas un chapitre, pas un paragraphe, tout d'un bloc : j'ai bien compris que c'était pour faire ressortir l'aspect obsessionnel du cinéphile, mais niveau lecture, c'est assez pénible. Il faut quand même se coller cette logique du début à la fin, presque sans la moindre interruption. Après, il s'agit manifestement de quelqu'un qui connaît passionnément l'œuvre, et dont la vision reste intelligente et souvent pertinente. De plus, la dimension très anxiogène donnée au narrateur, ses raisonnements assez inquiétants évoquant presque ceux d'un tueur en série, notamment quant à sa façon de choisir ses amis et d'organiser toute sa vie sociale autour de ce qu'a pu penser son entourage du « Limier » : vraiment pas mal.
Hélas, ce n'est qu'un aspect mineur de « Cinéma », sorte de long résumé monomaniaque nous faisant revivre à l'écrit ce que nous connaissions à l'écran, proposant, certes, quelques pistes que nous n'avions pas envisagé... et après ? Pas grand-chose, un style fatigant, de l'ennui et seulement quelques lignes de plaisir, qui ne donneront même pas envie à ceux ne connaissant pas l'œuvre de le faire puisque la connaissant désormais presque comme s'ils l'avaient vu... Peu convaincant.
Hitchcock, par exemple (7/10) :
J'avoue qu'en lisant les premières lignes d' « Hitchcock, par exemple », j'ai eu peur de revivre l'expérience « Cinéma », livre de Tanguy Viel consacré au « Limier », mais version « La Mort aux trousses » : une analyse interminable et de très longues phrases devenant vite pénibles à la lecture. Heureusement, cette impression s'estompe vite au profit d'une réflexion assez drôle et fort pertinente sur l'absurdité des « tops 10 », cinématographiques en l'occurrence.
D'ailleurs, à partir de là, j'ai lu la nouvelle quasiment d'une traite, séduit par ce cinéphile fou (probablement le même que pour « Cinéma »!), mais aux remarques souvent savoureuses et bien vues, notamment quant à la difficulté d'avoir une vision globale du septième art, sans oublier les passages particulièrement réussis concernant
« le plus grand réalisateur » et « Citizen Kane »,
ce dernier étant des plus savoureux. La conclusion, reflétant parfaitement la logique du passionné face à une sélection quasiment impossible, est très réussie. Comme quoi, lorsque Viel s'éloigne de son style monomaniaque et aborde des réflexions plus larges, il est autrement plus captivant : pas mal du tout.