La véritable histoire de Christian et d'Anastasia (avec spoilers)
Malgré tous les bons conseils qui m'ont été donnés, n'écoutant que mon courage et... mon ennui (c'est le mois d'août et il fait moche), j'ai lu les deux derniers tomes de "Cinquante nuances...".
A ma grande surprise, j'ai "préféré" (moins mal aimé ?) le tome 2 au tome 1. Pour des raisons inexplicables. Il y avait peut-être moins de "bébé"... Mais passons.
Ce qui était énervant dans le premier tome l'est toujours dans les deux suivants. A savoir : le surnom "bébé", le sachet argenté, la déesse intérieure, les explosions de jouissance (Ana explose autour de Christian, oui oui), la niaiserie affligeante des deux principaux protagonistes (et des autres)...
Il n'y a évidemment pas que ça. Est-ce qu'elle pourrait, s'il vous plaît, arrêter de parler de "coupe/coiffure après-baise" ?! Et arrêter de dire que l'odeur de Christian sent... Christian et que le goût de sa bouche a le goût de... Christian ?! Aaaaah.
J'aurais dû noter tout ce qui m'a irritée pendant ma lecture.
Mais surtout, j'ai eu une révélation pendant que je lisais le début du tome 3 (mieux vaut tard que jamais). Il y avait quelque chose qui me dérangeait depuis le début mais je n'arrivais pas à mettre la main dessus. Quelque chose de malsain que je n'arrivais pas à définir.
Ce n'est pas le (pseudo) BDSM du livre. Ce n'est même pas l'explication donnée à ce (pseudo) BDSM. Je trouve ça limite de mettre (uniquement) sur le dos du passé de Gray ses tendances au sadisme et à la domination. Il pourrait aussi aimer ça juste parce que, euh, c'est bien ? Sur la fin, j'ai quand même l'impression que c'est une conclusion possible puisque finalement Anastasia et Christian continuent leurs petits jeux (moins violents que ceux dont est capable Gray mais qui sait, avec les années ?). Donc je ne m'attarderai pas sur cette question, d'autres l'ont fait mieux que moi.
(j'ai un doute tout à coup, ça ne concerne pas le BDSM mais... elle finit par se faire sodomiser ou non ?)
Ce n'est pas le choix de vie des deux amants. Vous vous connaissez depuis trois semaines et vous vous mariez ? Mais oui bien sûr. Ah et vous ne voulez pas d'enfant mais vous le gardez quand même (sans en discuter sérieusement en pesant le pour et le contre, calmement) ? Ok. Je n'ai aucun jugement à porter là-dessus. Si ça leur fait plaisir, après tout.
Ce n'est pas non plus leur mode de vie. J'imagine que ça doit être chouette d'être riche alors même si tout ne me semble pas réaliste, je ne vais pas reprocher à l'auteure d'avoir voulu donner à ses personnages le meilleur.
Ce n'est pas non plus le charme irrésistible d'Anastasia et de Christian. TOUTES les femmes (à part Madame Jones, Kate, une infirmière et allez, peut-être une ou deux autres) sont sous le charme de Christian. Et (quasi) tous les hommes sont sous le charma d'Anastasia. Evidemment. Et comme en plus, ils sont tous les deux jaloux, je ne vous raconte pas les drames qui en ressortent. C'est épuisant à lire (alors à ressentir, je n'imagine même pas).
Ce n'est pas tellement qu'Anastasia décide de s'appeler Grey et que ce soient systématiquement les femmes qui mettent/débarrassent la table ou qui cuisinent (relisez les passages qui se déroulent dans la famille de Grey...) ou même que Christian voudrait Anastasia femme au foyer ou encore qu'il la force à manger et à voir une gynécologue. Même si c'est vrai que ça heurte fortement mon féminisme.
Ce ne sont pas les bons sentiments qui dégoulinent. C'est fou, quand même, Kate se met avec le frère de Christian et ça marche, ils se marient, font un enfant. Oh et Mia se met avec le frère de Kate. Mais c'est trop bien, on est tous une grande famille. Pauvre José, dis donc.
Ce ne sont pas non plus les rebondissements invraisemblables. Mais mais mais... c'est une ex-soumise détraquée qui revient pour te tuer ? Mais mais mais... c'est un éditeur pervers qui veut te kidnapper ? Mais surtout n'appelons pas la police. Et si on l'appelle, faisons tout de même notre enquête tous seuls. Ouais. Bon. Admettons.
Ce n'est même pas la bêtise des personnages. Et pourtant, il y aurait des choses à dire !
Non, ce qui me dérange, c'est que tout le monde se passionne (et fantasme) sur l'histoire d'un mari violent.
Je m'explique. Christian est colérique, on nous apprend qu'il a eu une enfance difficile, tout ça tout ça. Il aime tout contrôler et surtout Anastasia, qui va devenir sa femme. Il la contrôle pour son bien et sa sécurité, évidemment. Elle, elle se rebelle un peu parce que bon, elle ne supporte pas d'être opprimée. Mais elle a peur de lui. Elle n'ose pas lui poser de question(s) de peur qu'il s'énerve. Elle n'a le droit de rien faire (ne doit pas sortir, et encore moins avec des garçons, ne doit pas prendre le jetski, ne doit pas conduire trop vite, ne doit pas sauter de repas, ne doit pas trop boire, ne doit pas aller travailler, ne doit pas s'habiller trop court ...). Mais elle le fait quand même, souvent en douce d'ailleurs. Donc lui, ça l'énerve, forcément. Ca lui donne envie de la punir et de la frapper (dans une optique purement sexuelle, il paraît). Mais comme il a compris qu'elle n'aimait pas ça, il se contient alors à la place il lui crie dessus ou il ne lui parle plus. Ca la rend triste. Elle pleure, elle se sent mal, elle se pose des questions. Lui finit par être désolé et par s'excuser platement et par lui faire promettre qu'elle ne le quittera pas parce qu'il a terriblement besoin d'elle. Elle, elle a pitié (avec ce qu'il a vécu, le pauvre !) alors elle promet et elle ne part pas. Et puis elle l'aime, son homme abimé. Elle lui pardonne. Ils couchent ensemble et tout va bien.
Et ça recommence, encore et encore.
Alors d'accord, il ne lui tape pas dessus (...) et ne la rabaisse pas psychologiquement. Mais elle doit lui demander la permission sur tout et ne jamais, jamais le contrarier parce qu'on ne sait pas comment ça peut finir.
Moi, ça me perturbe. On nous vend ça comme une histoire d'amour passionnée et romantique (avec du sexe, ok) alors que... ouvre les yeux, bon sang. Tu as peur de lui et tu passes ta vie à essayer de gérer sa colère. Gé-nial.
Je ne sais pas comment terminer ce semblant de critique alors je vais en rester là pour le moment.