Chronique en 50 nuances
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le 4 févr. 2015
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Salut à toi Simply Smackkk du passé. Nous sommes en février 2015, et tu sors du cinéma dépité après avoir vu ce navet faussement décadent qu’est Cinquante nuances de Grey. Haut les coeurs, tu t’amuseras rapidement de cette expérience. La remise en place d’une adolescente présente avec sa mère le nez rivée sur son téléphone pendant la séance t’offre encore une certaine joie quand tu y repenses. Et de toutes façons tu n’es plus avec cette fille qui t’avait traîné voir le film, même si nous savons tous les deux que tu y allais aussi pour assouvir une certaine curiosité malsaine.
Par contre, désolé, mais Cinquante nuisances de Grey, le livre ou le film, est resté une référence culturelle assez marquante. Toute une gamme de titres continue de sortir qui profite de cet érotisme un peu canaille mais très confort, de ces romances où l’homme est beau, riche et autoritaire, ce qui est un tantinet malsain tout de même.
Mais puisque le livre ou le film sont devenus si connus, que des dérivés existent, que c’est une véritable licence qui s’est crée, connue par un grand nombre, alors la parodie est possible. Le porno s’est jeté dedans, évidemment, mais le cinéma a été plus prude, tout au plus un 50 Shades of Black de Marlon Wayans qui ne restera pas dans les annales.
Signé de la plume de Fanny Merkin, mais en fait l’oeuvre d’Andrew Shaffer, satiriste qui a depuis mis en scène Trump ou Obama et Joe Biden dans des aventures policières, cette parodie date de 2012 mais elle mit quelques années de plus à parvenir jusque chez nous. Sous ce beau nom de Cinquante nuisances d’Earl Grey.
Les grandes lignes restent les mêmes, avec la même simplicité un peu abêtie. Anna, belle et jeune, vierge, la belle oie blanche, si gentille, si innocente, rencontre Earl Grey, beau, riche, très riche, trop riche, à la détermination électrique, le mâle alpha mais pas de chez les péquenots, de la haute. Celui-ci a un appétit sexuel redoutable, il est autoritaire, il sait ce qu’il veut et parmi ses addictions, celle terrible du BDSM (Bardes, Dragons, Sorcellerie et Magie), mélange de jeu de rôle et de jeux de mains jeux de vilains.
L’auteur va donc s’amuser à parodier les grandes lignes de l’intrigue, n’hésitant pas à caricaturer, et il faudra bien des « oh non » timides à Anna devant la cour d’Earl Grey pour qu’elle accepte enfin de lui offrir son petit nid, et peut-être même le suivre dans ses aventures sexuelles les plus épicées. L’argent du milliardaire est dépensé sans compter, pour Anna il rachète son entreprise puis son école, tandis qu’il l’emmènera en voiture de sport ou en hélicoptère à l’autre bout de la carte, notamment une petite île paradisiaque où il a fait revivre des dinosaures.
Anna, elle, elle a faim d’Earl Grey, la passion est trop forte, mais il faudra bien quelques péripéties entre eux pour allonger la durée de l’ouvrage et pour les séparer et mieux les rapprocher, un peu de « je t’aime », du « je te veux » et un petit peu de crises diverses et variées. Il y a du remplissage dedans, quelques pages pour faire grossir le livre, mais c’était peut-être le cas dans l’oeuvre originelle.
Fanny Merkin s’en amuse, l’auteur aime grossir le trait. La prude Anna devient vite une assoiffée de sexe, bouillante. Earl Grey est un riche trop riche. C’est un humour à la ZAZ, où les situations humoristiques s’enchaînent, de plus ou moins bonne tenue, jusqu’à ce que le bon gag arrache un sourire. Le livre opte pour un humour très visuel, très descriptif, ce n’est pas la magie du bon mot ici invoqué. Les dialogues un peu trop poussés dans l’absurde peinent d’ailleurs à provoquer le rire, tout au plus une légère expiration d’air par les narines.
L’érotisme est présent, mais ce n’est guère pour émoustiller. Quelques parties de jambes en l’air accompagnent le récit, mais l’érotisme est évidemment parodié. Par contre, la richesse du vocabulaire d’Anna pour exprimer son désir amuse, c’est très visuel, très imagé. Et finalement ce désir malsain de Grey est ici gentillement taclé. Dans la parodie ou dans l’original, ses perversions si salaces ne sont finalement pas si scandaleuses dans ce monde moderne.
La lecture n’est guère déplaisante, c’est écrit sans style, mais c’est peut-être aussi ce qui faisait l’identité de l’original. En feuilletant quelques pages, c’est difficile de le croire, mais en se plongeant dedans, on accepte cette écriture et cet humour parodique assez bien, tant qu’on ne s’attend pas à rien de plus qu’une parodie vaguement potache assurément culcul. Une lecture plaisante mais anecdotique à qui il manque un peu plus de dents aiguisées, en dehors des clins d’oeil appuyés à la franchise Twilight.
Créée
le 18 janv. 2022
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