Madeline Miller n’est pas la première autrice à donner une interprétation féministe du personnage de Circé. Ainsi, à travers vingt-quatre poèmes, Atwood montre toute l’ambiguïté des relations entre hommes et femmes. Car ce n’est pas Circé qui métamorphose les hommes en porcs, ce sont eux qui se transforment en bêtes dès qu’ils croient l’avoir séduite. Ulysse, lui, reste humain, et Circé noue avec lui une relation complexe, entre méfiance et abandon.
En même temps, Atwood rappelle que l’Odyssée, et ensuite presque toute la littérature, est racontée d’un point de vue masculin : ce que deviennent Circé et son île après le départ du héros, nul ne le sait.Il faut donc se méfier des histoires que raconte l’homme aux mille tours, qui joue peut-être l’amoureux transi. Mais il faut aussi se méfier de ces vieilles histoires, ces mythes que l’on raconte sans les questionner, comme le suggère la figure de Pénélope, qui tisse sa tapisserie, comme on sait, mais qui tisse aussi des récits : aucun n’est tout à fait vrai.
J’ai donc retrouvé avec plaisir la subtilité psychologique de La Servante écarlate. En revanche, la forme poétique m’a peu marqué, malgré une écriture élégante et quelques images frappantes.