1 200 pages...
Non, non impossible j'achète pas...
Mais on me cite Don DeLillo, Tom Wolfe, Paul Auster... Et puis New York 1977 quoi! Le début de la fin: les premières bulles économiques ont commencé à éclater, la colère gronde partout, les jeunes se plantent des épingles à nourrice dans les oreilles et rêvent d'anarchie...


Finalement, j'ai plongé dans cette folle saga, ce roman chorale, extrêmement maîtrisé dans sa structure, entremêlant les vies d'une vingtaine de protagonistes tout de même!
A première rencontre de ces derniers, on craint la caricature dans laquelle d'autres auteurs se seraient engouffrés.
Ce n'est pas le cas de Risk Hallberg qui dresse une série de portraits très réalistes, balayant la société New-yorkaise de l'époque, des bas-fonds du Bronx, aux penthouses de l'Upper East Side, en passant par le prolifique SoHo des 70's.


Le contexte:
31 décembre 1976, deux coups de feu résonnent dans Central Park et font basculer le destin de chacun de nos personnages, dont les vies n'auront de cesse de se croiser, de se heurter, de s'éviter jusqu'au choc final, 6 mois plus tard.
Le 13 juillet 1977 très exactement.
Le jour du grand Black Out qui, privant la ville d’électricité pendant une nuit entière, a plongé celle-ci dans une anarchie orgiaque faite de pillages, de peur, de violences: New York s'est littéralement embrasée cette nuit là!
Cette ambiance fiévreuse, Garth Risk Hallberg la retranscrit brillamment, avec une tension qui ne cesse d'enfler au fil des pages et une folle effervescence qui fait écho non seulement à la puissance des rêves de changements de l'époque, mais également au choc des (rapides) désillusions, les punks préférant globalement s'enquiller des 8-6 et se bastonner plutôt que d'organiser une action viable...


D'ambition, l'auteur n'en manque pas, lui, mais entre ambition et démesure il n'y a qu'un pas que Risk Hallberg franchit allègrement à de (trop) nombreuses reprises.
Ainsi s'égare-t-il dans des envolées politico-philosophiques inutiles et simplistes à l'extrême, qui nous laissent un arrière gout de Paulo Coelho, en moins bien écrit (oui, ça fait mal), ce dont on se passerait volontiers.


Ce qui passionne sur la forme c'est moins le style, chaotique, souvent ampoulé, frôlant à plusieurs reprises le ridicule (la gêne monumentale quand est décrite une scène de viol lors de laquelle la victime se demande si l'agresseur cherche ses clés dans son entrejambe...), que l'extrême et rare fluidité du récit. Une fois le livre ouvert, l'histoire nous enveloppe, nous happe, et les pages se tournent sans que l'on pense à les compter, et ce en dépit d'un livre IV sans grand intérêt...


Risk Hallberg, dont c'est rappelons-le le premier roman, gagnerait à se restreindre, à condenser son écriture, au fond à faire preuve d'un peu plus d'humilité dans ses prétentions.
L'impression finale est donc mitigée.
A 800 pages, "City on Fire" aurait été un coup de génie.
En l'état il s'apparente surtout à un (agréable) hold-up, de 2 millions de dollars quand même, montant des droits payés par l'éditeur américain Knopf avant même l'achèvement du roman, faisant de City On Fire le roman le plus cher de l'histoire de l'édition, jusque-là...

Chatlala
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le 21 août 2017

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