Incas d'école
L'empereur de l'uchronie en littérature, et il n'est pas prêt d'être détrôné, reste Philip K. Dick avec Le Maître du Haut Château qui imaginait le monde dans les années 60 après la défaite des Alliés...
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Ah quel beau sujet d'uchronie ! Au fil de 4 parties reprenant des styles historiques précis et très codifiés, Laurent Binet nous convainc qu'avec quelques si, on peut mettre l'Europe en bouteille.
L'auteur des excellents HHhH et La septième fonction du langage nous emmène dans des récits historiques pour donner de la crédibilité à cette uchronie.
D'abord une saga nordique qui mène les descendants d'Eric le Rouge à Popocatepetl
Puis un journal de bord décrivant la malchance des grands découvreurs aux Caraïbes
Suivi de l'essentiel du livre, une longue chronique historique des aventures d'Atahualpa en Nouveau Inca
Et enfin un roman d'aventure du style XVIe dans la lignée de Don Quichotte de la Mexica.
On sent dans ce livre le grand travail de documentation nécessaire à l'écriture. Beaucoup de critiques regrettent de ne pas trouver un roman uchronique plus contemporain, comme Le Nom de la Rose d'Eco (référence de Laurent Binet d'ailleurs), ou comme les livres de fantasy de Fabien Cerutti ou Glenn Cook utilisant eux aussi le style des Chroniques, Annales et autres journaux de bord au service de leur narration. Ce n'est pas l'objet de Civilizations qui cherche avant tout à livrer des documents d'époque plausibles. Laurent Binet n'écrit pas une histoire ni ne réécrit l'Histoire, il la pastiche.
Vous avez déjà lu une saga, c'est lourd ? Ou une chronique, c'est terriblement factuel ? Hé bien Laurent Binet propose chronique et saga dans leurs styles précis. Tout comme Tolkien, il trouve dans ces récits un intérêt littéraire propre. Codes et évènements sont les pivots de l'histoire offrant un récit typique, véritable source historique. Alors oui, c'est pas son meilleur, c'est moins facile d'accès qu'espéré, il y a quelques longueurs, trop de détails ou des parties moins réussies (la dernière est totalement oubliable à mon sens). Mais le livre est un bon tour de force historique. L'auteur joue sur le décalage entre les styles et le point de vue inversé pour percevoir notre lointaine Europe comme un nouveau monde exotique à découvrir et à coloniser.
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Créée
le 28 mai 2022
Critique lue 19 fois
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