Claude Gueux
7.2
Claude Gueux

livre de Victor Hugo (1834)

Claude Gueux est un ouvrier qualifié, bon, simple et intelligent. Et illettré. Un jour que le feu et la nourriture vinrent à manquer, Claude fut contraint de voler. Par nécessité. Il en résultat trois jours de pain pour sa compagne et son enfant et cinq ans de prison pour lui-même. C’est à Clairvaux qu’il fut incarcéré sous la surveillance de M.D., le directeur de l’atelier auquel Claude fut affecté.
Prisonnier modèle, Claude s’attire néanmoins la haine du directeur en raison de la grande influence qu’il exerce sur ses codétenus. A de nombreuses reprises, l’autorité fut obligée de s’en remettre à lui pour débloquer des situations dangereuses, résoudre des conflits, désamorcer des rebellions, éviter que l’étincelle conduise à l’incendie. Et l’autorité, fière et tyrannique, ne lui pardonnera pas. Et se plaira à le harceler, à le rabaisser. Et prendra plaisir à l’humilier. Et lui ôter Albin, son bon camarade avec lequel il avait développé une relation fraternelle.
Claude en souffrit au-delà des mots. Il supplia longtemps le directeur de lui rendre son ami et comprit que ce dernier n’avait été transféré que pour lui nuire. Fort de sa condition, l’autorité ne se laissa pas fléchir, et goûta le sel de la vengeance. Petit rictus satisfait d’un côté, haine froide et déterminée de l’injustice de l’autre. Duel qui se termina par l’assassinat de l’autorité et la décapitation de la rébellion.
Ce court roman, incroyablement efficace, est pour Victor Hugo le prétexte à un admirable plaidoyer contre la peine de mort. Un siècle et demi avant que Badinter n’obtienne son abolition. Plaidoyer contre les exécutions, mais aussi appel à une réflexion de l’Etat sur la société française, enjoignant les dirigeants à se pencher du haut de leurs sièges sur le peuple qui souffre. Que le régime se nomme monarchie ou république n’y change rien. Renvoyer les bourreaux pour appointer des instituteurs supplémentaires. Développer l’éducation pour tous et faire reculer l’illettrisme. Fermeture du bagne, refonte du système pénal et carcéral. Inventer une nouvelle société plus juste qui se préoccupe également de la « France d’en bas ». Prendre soin de la tête pour ne pas avoir à la couper.
La verve de Hugo au service du peuple. Un texte moderne et incroyable pour l’époque.
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le 4 avr. 2013

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