Le corps a été découvert dans un squat de la Seine-Saint-Denis. Elle avait 20 ans peut-être, ravagée par la drogue, les chairs meurtries de sexe barbare. Appelés pour l’identifier, son frère et sa mère déclarent que ce n’est pas Camille. Bien sûr que c’est Camille. Alors pourquoi ce mensonge ? La nuit suivante, le capitaine Victor Coste est appelé en banlieue. Un autre cadavre. Celui-là a le pénis garroté avec de la ficelle à rôti, ses bijoux de famille ont disparu. Mais tandis que la légiste pratique l’autopsie, le mort se réveille. À première vue, rien ne relie ces deux affaires, mais Coste et son équipe ne laissent rien passer, et une chose en entraînant une autre… Coste va mettre les pieds dans une magouille politique, le fameux Code 93, de laquelle il aurait mieux valu rester à l’écart.
Il fallait oser. S’attaquer de front à nos bons dirigeants et, passez-moi l’expression, leur mettre le nez dans leur merde, c’est gonflé. D’autant que c’est fait avec une certaine finesse, au milieu d’une intrigue touffue à souhait et qui se tient de bout en bout. L’affrontement entre les petits costards de la République et les bas-fonds de la cité sonne on ne peut plus juste, et laisse une place de choix à chaque personnage, aussi secondaire soit-il.
L’équipe de Coste, ce sont des flics auxquels il sait pouvoir confier sa vie parce qu’il les a recrutés lui-même, à l’exception de Johanna, nouvellement affectée au SPDJ du 93, et qui va devoir se faire une place dans la meute – les dialogues sont truculents. Coste, dans le rôle de l’homme cassé qui mise tout sur le boulot car fatigué de ramasser les morceaux de sa vie privée et qui « pourrait se taper une crème glacée pendant n’importe quelle autopsie » est remarquable. S’il n’a plus d’idéaux, il lui reste sa conscience et le sens du devoir. Dès le prologue, on sait que ce roman sera un grand cru classé. On arrive (trop vite) au dernier chapitre, essoufflé, écœuré, effaré tant par l’endroit que par l’envers de ce décor brillamment dépeint par Olivier Norek qui parvient, avec des mots simples, des phrases brèves, à donner vie à une ville en déperdition, devenue pantin du peuple et des élus.
Code 93 se rue effrontément dans une réalité poisseuse.
Sans artifices. Brut, brutal.
Fiction vous dites?