Alors que la Colombie est en proie à des pluies torrentielles, des membres humains sont découverts enterrés dans une zone résidentielle de Bogota, il ne s’agit que des extrémités, il manque le buste et la tête. Le procureur Jutsinamuy lance une recherche ADN. Les membres appartiennent à un homme de 45 ans, Marlon Jairo Mantilla, qui purge une peine de 37 ans de prison. Réduit à l’état de tronc au fond d’une cellule, le psychopathe est un ex paramilitaire, condamné pour trafic de drogue, féminicide et torture. Il a été retrouvé 4 ans plus tôt démembré et châtré dans un hangar agricole. La journaliste Julieta et sa secrétaire Johana, une ex-guérillera des FARC, mandatées par le procureur mènent l’enquête. Celle-ci semble simple et l’affaire ressemble donc à une vengeance. Mais un second homme qui a subi le même sort est découvert par une médium, il s’agit de Carlos Melinger, un argentin ayant eu plusieurs identités, et qui était connu de Mantilla…
L’intrigue est tortueuse à souhait et d’une noirceur sans pareille, tout en restant limpide et passionnante. Servie par des personnages remarquablement travaillés, originaux et mémorables, tels un impressionnant homme tronc, une détenue souffrant de troubles de la personnalité, une médium, deux femmes enquêtrices attachantes et un étrange écrivain qui aurait écrit les crimes commis… . Dès les premières pages, on comprendra que la fièvre est au rendez-vous : alcool, drogues, sexe, violence étant le quatuor composant ce roman. Oh mais j’en oublie un et non des moindres : l’humour caustique de Gamboa qui fait mouche. Le style de l’auteur est aussi relevé et épicé que les plats colombiens qu’il évoque à travers les pages de ce roman endiablé!
Ce fut pour moi l’occasion de découvrir un pays que je connais peu à travers des descriptions très réalistes de Bogota marquée par la violence des exactions des milices paramilitaires, la répression et les luttes sociales. Certes, nous n’avons pas là une revue touristique… Le récit est basé sur de nombreux faits réels tel que le scandale des innocents tués par l’armée colombienne en échange de primes, qui les présentent ensuite comme des rebelles tués au combats dans le but de gonfler les statistiques de la lutte contre la guérilla. On les appelait les faux positifs. Toutefois une touche de fiction bienvenue sert ce roman enfiévré, un plaisir littératire savoureux que nous offre un auteur que je ne connaissais pas, mais que je ne suis pas prête d’oublier. Je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher le plaisir des amateurs de romans noirs…
Je remercie les Editions Métailié et Netgalley pour cette lecture.