Comme une flèche. Le moins que l’on puisse dire est sans doute que la carrière d’Edouard Louis aura eu la trajectoire d’une flèche. A tout juste trente ans, l’écrivain publie son quatrième romans, qui semble refermé le faux diptyque entamé avec Qui a tué mon père ? en 2018. Dans Combats et métamorphoses d’une femme, il se consacre à la traversée de sa mère, à la négligence infligée à son corps, à ses grossesses sous le joug de plusieurs maris, cette vie déchue à élever des enfants pour celle qui apparait, aux yeux des camarades du jeune Eddy, comme la génitrice de la misère. Même si elle fut un rempart contre l’héritage patriarcale de son père, son influence directe et complètement inféodée en fait un personnage qui ne vivra jamais vraiment à travers elle-même. Le choc des mondes que l’auteur a connu, il veut le reproduire en invitant sa mère au restaurant, qui s’extasie du luxe du lieu. Mais l’euphorie est de mise car le monde qu’aura conquis l’auteur ne sera jamais celui de sa mère : Paris n’est pas pour elle. Et comme deux rives éloignées à des milliers de kilomètres, les routes familiales se sont rompues pour jamais.