Voilà des années que j’attendais de lire un jour du Luchini et c’est bien entendu avec délectation que je me suis plongé dans la lecture de cette autobiographie.


Luchini c’est cet autodidacte amoureux des mots, de la musicalité du mot et de la littérature. Il avait déjà réussi à nous faire aller au théâtre pour le voir lui, ce personnage narcissique, mais pas trop, parler de Céline, Molière, la Fontaine, ou bien encore Nietszhe, les réciter, les commenter avec ce phrasé Luchinien.


Il donne du volume au mot et nous montre qu’il en connaît des choses, mais toujours cette modestie, qui lui fait dire qu’il n’y connaît pas grand-chose, il n’est qu’autodidacte…


Plus qu’une autobiographie, Fabrice Luchini, nous offre ici une critique cassante de notre société.


« Petite parenthèses, On a assisté à une étonnante métamorphose en quarante ans. À la sortie de Mai-68, celui qui prenait un verre de vin rouge était vécu comme un prolo et pas un prolo qu’il faut sauver mais un prolo qu’il fallait faire disparaître. L’alcool était vulgaire. Les gens fumaient du shit. On se promenait dans Formentera avec des djellabas blanches. On écoutait les Pink Floyd et Jimi Hendrix et dès qu’on se rencontrait on s’arrêtait comme des disciples de Jésus sous un olivier. On roulait un grand joint et sans se connaître on partageait un moment où les sens se développaient. Dans les années 1970, un mec aurait dit : « Donne-moi un petit bourgogne », on aurait répondu : « Mais qu’est-ce que c’est que ce beauf ? » On voulait des thés à la menthe, des joints, des promenades, mais un bourgogne avec un jambon cru c’était le summum de la ringardise. » Le déambulant approbatif s’épanouit dans le produit frais, dans la petite auberge. Il fait quinze kilomètres pour trouver le bon fromager. L’idée d’aller faire vingt bornes pour trouver le bon fromager nous serait apparue complètement absurde ! Mais si l’on objective les choses, il est naturel que le bobo ne comprenne pas ce qu’on lui reproche. Il n’embête personne. Il fait monter l’immobilier. Il restaure des quartiers entiers. »


Sur Le Blog

Bouquinovore
9
Écrit par

Créée

le 2 avr. 2016

Critique lue 329 fois

1 j'aime

Bouquinovore

Écrit par

Critique lue 329 fois

1

D'autres avis sur Comédie française

Comédie française
oGeoffrey
7

Un certain don pour la comparaison

Voilà un livre sympathique pour tous les amoureux de Luchini. (Un emploi de la langue plus précis devrait toutefois m'obliger à parler "d'amoureuses" ; certainement un gros succès chez les femmes,...

le 20 mars 2016

3 j'aime

2

Comédie française
David_L_Epée
7

Luchini l'ironique

« Ce n’est pas mon métier les formules, explique Luchini, comme pour s’excuser d’écrire un livre. Mais ça fait quarante ans que je cherche. » L’ancien garçon coiffeur devenu comédien, celui qui a...

le 13 déc. 2018

2 j'aime

Comédie française
kenav
6

Critique de Comédie française par kenav

Livre agréable à lire .. Mais je m'attendais à plus d'anecdotes concernant le début de sa carrière .. D'autant plus que le titre est "Comédie française : ça a débuté comme ça". Si on enlève (ce que...

le 12 août 2016

2 j'aime

Du même critique

Le Crime du comte Neville
Bouquinovore
8

Critique de Le Crime du comte Neville par Bouquinovore

Depuis 1992, j’achète religieusement mon Amélie Nothomb pour le dévorer avec délice. Je me rappelle, ces premières années avec Hygiène de l’assassin, Le Sabotage amoureux, Les Combustibles, Les...

le 28 août 2015

7 j'aime

Une merveilleuse histoire du temps
Bouquinovore
9

Critique de Une merveilleuse histoire du temps par Bouquinovore

Avec ma femme, nous avons pris l'habitude, ou du moins, nous essayons d'aller voir un film au cinéma les samedis soir. Et cette semaine, nous avions décidé d'aller voir une merveilleuse histoire du...

le 1 févr. 2015

7 j'aime