Pour cette rentrée littéraire, Alice Zeniter offre avec Comme un empire dans un empire une analyse affutée des situations absurdes que rencontrent notre actualité contemporaine, à partir du récit de l’univers de trois trentenaires qui tentent d’agir sur le monde qu’ils habitent.
Antoine est attaché parlementaire auprès d’un député socialiste qui prône la sociale démocratie mais qui peine à sortir du schéma qu’il connait depuis son entrée en politique. Cela fait très longtemps. La justification de l’état d’urgence après les attentats, le refus du revenu universel et une conception très archaïque de l’organisation sociale, etc. ont justifiés la répression policière qui a marqué à jamais un fossé entre le pouvoir et ceux qui les élisent. Sans comprendre que ces derniers demandent des comptes et ne se laissent plus berner sans réagir, ce député cherche à exister malgré tout, dans un monde qu’il ne reconnait plus. Antoine essaye de l’intérieur de lui faire appréhender ce monde nouveau en l’alertant sur un nombre de sujets contemporains, comme les gilets jaunes, le darknet, etc. Son engagement est complété par l’envie d’écrire un livre sur un amour qu’on disait absolu et qui a créé le photojournalisme moderne, le couple que forme Robert Capa et Gerda Taro.
Elle se fait appeler L (à voix haute, on dit elle) et vit dans le monde du dedans – comprendre Internet. Au temps des Anonymous, L appartenait au monde des Ops chargés des opérations. Maintenant, elle se tient aux confins du droit mais cherche toujours à agir. Elle tente de démanteler les réseaux de la fachosphère. Son engagement ne s’arrête pas là. Elle aide aussi les femmes victimes de ce traçage numérique au service de la violence de leur compagnon. De plus, L vient d’assister à l’arrestation de son compagnon accusé de piratage d’une société de surveillance. Très encombrée par un corps trop grand, L promène ses peurs du monde du dehors qui deviendront une sorte de paranoïa réactionnelle galopante au fil des pages.
Dans le roman, Xavier, un ami d’enfance d’Antoine, est beaucoup plus effacé mais représente l’engagement du retour vers la nature. Il vit à la Vieille ferme, un terrain qu’il a ouvert à tous ceux qui veulent vivre une expérience particulière en autogestion au mode de vie alternatif. La-bas, ça vient, ça va. Tout le monde s’occupe de tout, en toute égalité. Il y a même, comme à Notre-Dame-des-Landes, des artistes circassiens.
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