J'ai trouvé cette lecture déconcertante. Surtout la première moitié que j'ai trouvée particulièrement confuse par moment, à d'autres bête.


Par exemple, page 132, il fait un lien entre sa blague et le côté populaire / vulgaire. Mais quelques pages avant, il dit qu'il n'y a rien de populaire là dedans puisque les étudiants de HEC en font aussi.


Page 143, "un amoureux, une amoureuse, est toujours sous emprise". À nouveau on ne sait pas s'il joue sur les mots. Oui, il y a une certaine emprise dans l'amour mais quand on parle d'une relation avec emprise, on ne parle pas de la même chose. À nouveau c'est confus. Ça se veut "le bon mot" mais c'est parfois bête, comme ici.


J'ai trouvé le passage sur le "on te croit" de me too particulièrement idiot. Pour quelqu'un qui aime le réel, il a oublié de dire (ou de voir) ce que fait concrètement le "on te croit" : les femmes osent parler. Il n'en a retenu que le problème moral : un tout petit pourcentage d'hommes sont injustement bafoués. Le sujet est très complexe et mérite de longues réflexions mais ne pas parler de ce réel me parait absurde quand on évoque ce sujet.


Page 151, sur Yann Moix qui déclare ne pas être excité par les femmes qui ont passé les 50 ans. Bégaudeau dit que le féminisme explique structurellement ce manque d'excitation des femmes qui ne sont pas très jeunes. Oui, c'est vrai. Mais le problème n'est pas tant de remarquer cela que de le dire comme Yann Moix pour faire le malin et sans remise en question. À sauter d'un sujet à l'autre, tout est survolé et effleuré. Ça pense pas fort. Ça parle.


Page 221, sur un rôle d'un personnage trans qui doit être joué par un acteur trans. Encore une fois, Bégaudeau s'attaque à un sujet sans le travailler en profondeur. Il crée donc un homme de paille. Il déforme une critique pour la réfuter. Personne ne veut que tous les personnages trans soient joués par des trans. Par contre, il est mis en avant que les acteurs trans ont du mal à trouver des rôles et que dans la mesure du possible, c'est bien de penser à eux.


La réflexion sur Bertrand Cantat est à nouveau creuse et ne pense pas grand chose. Quelle habilité à parler pour ne rien dire.


Il reste que derrière tout ça, il y a des moments de pensées très intéressantes, que je n'ai jamais lu ailleurs, sur ce qu'est l'art. Notamment sur le fait que l'on peut raconter quelque chose sans promouvoir quelque chose. Que tout politisé n'est pas forcément une façon très pertinente d'envisager l'art (page 256).

J'écoute beaucoup Bégaudeau et j'assiste à ces ciné-clubs, mais j'ai encore beaucoup de mal à apprécier ces nombreuses œuvres qui m'échappent. Malgré ce nouveau livre, qui reprend par moment des réflexions entendues dans la gêne occasionnée ou dans les ciné-clubs, cela m'échappe toujours. Tellement que je commence à me poser des questions sur l'art qui privilégie la forme au fond comme Bégaudeau en raffole.


Dans les pages intéressantes, il y a aussi ce qui rend vivant et heureux François Bégaudeau. Et je trouve intéressant ce côté autobiographie intime dans un essai. Je fustige quelques lignes plus haut le fait qu'il parle beaucoup pour des trucs confus mais une fois les passages confus passés, il y a quand même de belles réflexions.


Moi qui ai beaucoup de mal avec l'art qui ne dit rien et qui n'a pas de but, j'ai trouvé intéressantes les pages à ce sujet. Même si cela reste un peu trop flou à mon goût.


Pareil pour les réflexions sur l'art, l'art politique ... c'est intéressant mais j'ai bien du mal à y voir clair. Cela reste confus. J'ai bien compris sa conclusion "vous voulez sacrifier l'art à la cause, vous n'aurez ni l'art ni la cause" mais je n'ai pas bien compris les arguments. Et il me semble qu'il n'y en a pas tant que ça.


Pages 400 / 401 sur ce que serait un cinéma politique sur le féminisme : très intéressant aussi.


Contrairement aux autres critiques, je continue à penser que François aurait pu s'excuser auprès de Ludivine, même si, et j'ai été le premier à le zapper en 2020, le contexte relativise quand même énormément la blague. Le début confus et très fier de lui, arrogant même, risque d'exaspérer les personnes lisant ce livre. Elles vont le refermer avant d'en avoir lu des pages stimulantes et intéressantes, autant sur le fond que sur la forme.


Voilà, c'est tout pour mes petites pensées pas très bien organisées ni travaillées (hommage involontaire ?) sur ce livre.

Foolly
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le 27 oct. 2024

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