Robuste
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Concours pour le Paradis de Clélia Renucci était l’un des livres qui avaient aiguisé d’emblée mon intérêt au cœur de cette rentrée littéraire. Il parlait d’art, de la Renaissance italienne et de ses conflits entre familles, il semblait prometteur. C’était en tout cas un sujet ambitieux auquel s’attaquait l’auteure avec ce premier roman. Dans ce livre, Clélia Renucci brosse la rivalité de deux des génies de l’école vénitienne, qui s’affrontent par esquisses interposées pour une commande. En décembre 1577, une épaisse fumée noire drape Venise ; le palais des Doges brûle, encore ! Les flammes sont montées jusque dans la salle du Grand Conseil, léchant le plafond et embrasant l’immense fresque du Paradis, calcinée, détruite, à remplacer. « C’est de cet enfer qu’allait renaître le Paradis. » Pour substituer l’ancienne fresque, un concours est mis sur pieds. Véronèse et le Tintoret ont été choisis pour y présenter une esquisse, tout comme Bassano, Palma le Jeune et Zuccaro. Fourmillant de détails historiques, de noms, de lieux, Clélia Renucci construit son roman en arquant l’histoire autour de la rivalité des deux maîtres. Même une fois la commande attribuée au duo Véronèse-Bassano, le récit tourne autour des deux figures du Tintoret et de Véronèse, chacun tourmenté dans leur atelier par des questions artistiques, malmenant leurs assistants.
Si sur le papier tout semble alléchant, Concours pour le Paradis pêche par une langue trop forcée qui ne rend pas la narration fluide, problème accentué encore par une abondance de références historiques mal amenées. Après un début assez poussif, la narration gagne en souffle et le roman prend une belle dimension. L’auteure pose des thématiques intéressantes, creuse la personnalité de Véronèse et du Tintoret, puis soudainement sans que ce soit véritablement amené, Véronèse meurt. En deux pages, l’un des tenants du récit disparaît et la commande est attribuée au seul Tintoret. Dès lors, le récit s’embourbe et s’apparente à une longue mise en place d’événements qui peinent à former une trame littéraire concluante. Bien trop démonstrative, l’écriture de Renucci explique, argumente les faits plutôt que de s’appuyer sur eux pour créer un univers romanesque propre, installant ainsi une distance entre le lecteur et le récit. Les personnages, les œuvres, les lieux sont derrière une vitre. Tout est montré, à portée de regard, mais rien n’est palpable. J’avais ouvert Concours pour le Paradis en étant persuadé de plonger dans les vertiges artistiques de la Venise de la Renaissance, j’ai refermé le livre en ayant l’impression d’avoir survolé la cité des Doges sans y avoir accédé.
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le 15 sept. 2018
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