Notre auteur national d'ethno-polars Caryl Férey, continue son tour d'Amérique du Sud et après son Mapuche argentin, nous emmène au Chili où l'on se doute qu'avec un tel guide, ce ne sera certainement pas une promenade de santé.
Il sera encore question ici d'indiens mapuche et bien sûr du sombre passé d'un pays qui a bien du mal à gérer l'héritage de violence économique et sociale : Caryl Férey a convoqué les dictatures et la tristement célèbre Opération Condor qui sert de décor à un thriller très actuel.
En fait, Caryl Férey convoque un peu tout de le monde et nous sert un best-of d'empenadas à la chilienne.
Plusieurs passages nous évoqueront par exemple Les évadés de Santiago ou encore le No du référendum.
Sans compter que ça démarre à la Zulu avec de pauvres gosses d'un bidonville décimés par une nouvelle drogue et que la cavale qui s'ensuivra rappelle bigrement celle de Mapuche. Autant dire que les empenadas sentent un peu le réchauffé.
Ajoutons à cela qu'au fil des années, la prose de Férey se fait de plus en plus prétentieuse et alambiquée : le vol de ce Condor multiplie les passages en voltige, au style pompeux gorgés d'effets ampoulés ou au lyrisme poétique qui finissent par irriter.
Et puis soudain, au détour d'un chapitre, comme si l'oiseau se laissait rattraper par la puissance et la violence de son histoire, on plonge en piqué pour un thriller prenant et efficace : Caryl Férey n'a pas perdu la main.
Un bouquin très inégal qui n'apporte finalement rien de bien nouveau depuis Mapuche.
Une déception après les auteurs chiliens lus récemment comme Boris Quercia ou Ramón Díaz Eterovic.
Ah, petit coup de cœur personnel pour la fin du parcours qui emmène le lecteur jusqu'à San Pedro de Atacama, au bord du désert trop salé du même nom pour un final aux allures de western.
Comme d'habitude avec cet auteur : pour celles et ceux qui aiment voyager, y compris dans le passé récent.