Yukio Mishima a écrit ce livre à 24 ans. Juste cette info est incroyable. J'imagine qu'il a du flamber tous ces journaux intimes avant de se donner la mort, et quelle perte ! Même si Confession d'un masque n'est pas strictement une autobiographie, comment aurait-il pu écrire un livre si nuancé et complexe sur la psyché angoissé d'un jeune homosexuel, sans puiser dans sa propre histoire ? Les émotions qui perturbent la surface de son être sont décryptées avec une précision chirurgicale, dans une langue classique mais sans détour. Le héros se dépêtre dans le Japon de la Seconde Guerre Mondiale, entre pulsions de mort et désir douloureux, en expérimentant maladroitement ses pulsions, en les refoulant surtout, quitte à se perdre dans une schizophrénie malaisante. Les belles images du Pavillon d'Or m'ont fait mettre la barre très haute en ce qui concerne ce premier livre de Mishima : intriguant, pathétique, sans concession... il lui manque des descriptions à la hauteur de ses futures oeuvres, mais 24 ans... pour une oeuvre de jeunesse, c'est un roman généreux et lumineux, sous ses abords froids.