Dans ce recueil, Jack London nous entraîne avec son talent habituel sur la piste des chercheurs d’or, des Indiens et autres aventuriers du froid. Vers 1900, à l'époque du « gold rush », le Klondike était une contrée peu hospitalière pour les pieds tendres. C’est ce que nous apprend avec une redoutable efficacité la première nouvelle du recueil. En une quinzaine de pages, Jack London décrit les souffrances d’un homme égaré dans la neige en compagnie de son chien. A cause du froid extrême ses membres gèlent progressivement, entravant ses moindres mouvements. Parviendra-t-il à construire un feu à l’aide de sa dernière allumette ? Le personnage de « Mission de confiance » doit lui aussi dépasser ses limites pour transporter un mystérieux bagage. On est surpris par la vigueur physique et morale des héros de London. Surtout, il entre dans ces histoires une bonne part de cruauté. Ainsi dans « Face-Perdue », le trappeur Subienkow est obligé de ruser pour échapper à ses tortionnaires indiens ; mais sa fin n’en sera pas plus enviable. La même sauvagerie habite le vieux Porportuk, Peau-Rouge avare repoussé par la jeune squaw qu’il tente d’acheter. Quant aux chiens de traîneaux, figures incontournables du Grand Nord, ils sont incarnés par « Ce Spot », animal encombrant d’une intelligence quasi diabolique. Chacun de ces récits possède une chute, qu’elle soit tragique, ironique ou franchement atroce. Mais le plus admirable chez London, c’est sans doute son art consommé du suspense. A partir de sujets simples – un marcheur, un chien, la neige …-, il entretient un mystère haletant qui captive le lecteur de bout en bout. Lire Jack London c’est partir à l’aventure et assister à l’affrontement sans cesse renouvelé entre l’homme et une nature grandiose.