L'on retrouvera dans ce roman tous les sujets chers au cinéaste, le curseur de ses transgressions poussé un peu plus profondément dans le papier, avec ce style de scalpel qui le caractérise habituellement. Et cette citation de Heidegger prendra tout son sens via cette fiction plus amorale qu'éthique.
"De même l’essence de la technique n’est absolument rien de technique. Aussi ne percevrons-nous jamais notre rapport à l’essence de la technique, aussi longtemps que nous nous bornerons à nous représenter la technique et à la pratiquer, à nous en accommoder ou à la fuir. Nous demeurons partout enchaînés à la technique et privés de liberté, que nous l’affirmions avec passion ou que nous la niions pareillement. Quand cependant nous considérons la technique comme quelque chose de neutre, c’est alors que nous lui sommes livrés de la pire façon : car cette conception, qui jouit aujourd’hui d’une faveur toute particulière, nous rend complètement aveugles en face de l’essence de la technique"
Martin Heidegger Essais et conférences. LA QUESTION DE LA TECHNIQUE.
[1953] Éd. Gallimard
« Nathan vérifia la mesure de la lumière dans le viseur et monta jusqu’à 25 600 ISO. (Le nouveau D4s, celui qu’il n’avait pas, pouvait, fait hallucinant, monter jusqu’à 409 600 ISO – il voyait dans le noir – mais mieux valait ne pas y penser.) Les photos seraient extrêmement criardes, avec du grain, des éclaboussures, mais cela leur conférerait un aspect pictural, pointilliste, peut-être, ou impressionniste. Avec ce réglage, l’appareil photo lui paraissait, étrangement, encore plus sensuel, pareil à un instrument. Il commença à la mitrailler. »
Extrait de : Cronenberg, David. Consumés (Gallimard)