Le pouvoir de la superficialité.
Charles Bukowski est un pauvre type, un pauvre type qui s'assume entièrement. Une bonne chose, bien sûr, sauf qu'avec lui, on touche plus au pathétisme qu'à l'admiration.
En général, j'aime beaucoup les romans trash, qui ne lésinent pas sur le sexe, la drogue et j'en passe. Mais j'aime encore plus quand il y a du sens à cela. C'est, par exemple, le cas de Bret Easton Ellis, magicien des mots par excellence (et mon écrivain favori, par extension).
"Les Contes de la folie ordinaire" contient donc 20 nouvelles, 20 douleurs, 20 désastres. Pour être franc, je me suis arrêté à la treizième histoire, n'en pouvant tout simplement plus. Faut dire que le Bukowski achève son lecteur, l'épuise pour se foutre gentiment de sa gueule.
J'aime quand un roman ne livre pas tout son fond à la première lecture. Au contraire, je prends un grand plaisir à réfléchir, l'examiner sous toutes les coutures pour comprendre où l'auteur a voulu en venir. Mais avec Bukowski, on ne touche jamais le cœur de ses écrits. Chose normale, il n'y en a pas. "Les Contes de la folie ordinaire" met en scène des abrutis, des pauvres mecs ou gonzesses qui s'oublient dans le sexe barbare, l'alcool des rednecks et l'ennui de la vie.
On sent le côté autobiographique à plein nez (un petit coup d’œil à sa biographie ne fait que confirmer ce dire). Charles Bukowski s'affirme et prend un malin plaisir à étaler sa vie, pensant qu'elle fera réagir et réfléchir, mais aussi s'amuser et l'admirer pour que le lecteur se dise "oh mon dieu, il est TROP cool ce grand Charles. Je veux vibre comme lui plus tard"... Amen.
Bukowski donne un semblant de liberté, une liberté superficielle où l'alcool et le sexe règne en maître. Je ne suis pas puritain, loin de là, mais penser qu'on puisse atteindre le paradis grâce à ça, c'est partir du mauvais pied.
"Les Contes de la folie ordinaire" est sympathique car il est plutôt représentatif de la génération actuelle, qui ne jure qu'avec ses moyens là et le revendique haut et fort (on peut s'éclater avec ça sans se vanter. Vive la superficialité). Bukowski se méprend complètement, essayant à travers ses personnages, d'exposer sa mentalité et son style de vue. Manque de bol, il ne réussit pas son pari et se vautre littéralement dans le grand n'importe quoi mal orchestré.
"Les Contes de la folie ordinaire", c'est quoi en fin de compte ? Un bouquin qui peut servir de bible à tous ces pseudo-rebelles hippies, metalleux, hipsters ou je ne sais quelle catégorie.
C'est stupide, vide de sens et incroyablement superficiel. Surestimé, et ce n'est pas le premier.