Russie, années 20. Déiev, un vétéran de la guerre civile, est chargé par le département des transports de convoyer, en train, cinq cents enfants orphelins de 2 à 13 ans depuis Kazan jusqu'à Samarcande. 4000 kilomètres pour les mettre à l'abri de la famine. Pour l'aider, onze nurses, un cuisinier, un vieil infirmier et une commissaire à l'enfance. Au cours de ce long périple, Déiev devra faire preuve d'ingéniosité pour relever de véritables défis. le premier d'entre eux : trouver cinq cents paires de chaussures pour que les enfants ne se blessent pas les pieds sur le trajet de la gare.


Encore une fois, je suis ravie par la plume de Gouzel Iakhina, précise et délicate. le livre reproduit le rythme du trajet en train : à chaque arrêt une mission, un défi à relever. A chaque arrêt, une histoire qui tient le lecteur en haleine : comment Déiev réussit à se procurer des chaussures, de la viande, parfois au péril de sa vie. Bien souvent les missions de Déïev ont des accents d'épopée, par exemple lorsque G. Iakina décrit les vols de corbeaux qui tournoient au dessus des montagnes de grains.


Entre les arrêts, des scènes de la vie dans le train, souvent graves, parfois cocasses ou attendrissantes. Gouzel Iakina nous fait passer par toute une palette d'émotions, avec des moments cruels - la mère qui abandonne son bébé à la voracité des loups pour sauver au moins son aîné - et d'autres beaucoup plus légers - la baignade dans la mer d'Aral.


Les personnages, Déïev, la commissaire Blanche, le bandit, sont nuancés, complexes. Ils évoluent au fil de l'histoire, c'est ce qui les rend si attachants.


Un roman époustouflant. Gouzel Iakina est une voix incontournable de la littérature russe.

Nelly-H
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le 13 janv. 2025

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