Un homme prétendant être Nicholas Slopen, professeur de littérature, réapparait plusieurs mois après sa mort. Problème : alors qu’il ne ressemble pas vraiment au véritable Slopen, son comportement aussi bien que ses souvenirs correspondent totalement au défunt. Interné à l’hôpital psychiatrique, Il raconte à son médecin ce qui lui est arrivé et qui a débuté par l’authentification de lettres attribuées à Samuel Johnson, un écrivain du XVIIIe dont il est spécialiste.
Marcel Theroux nous avait déjà surpris avec Au Nord du monde, un roman post-apocalyptique à mi-chemin de Stalker, qui, s’il n’innovait pas par son thème, montrait une écriture fine et agile. Paru dans la collection de littérature générale feux croisés des éditions Plon, parmi laquelle on trouve notamment l’œuvre de Junot Diaz, un autre écrivain aux marges de la science-fiction, Corps variables pourrait passer inaperçu du lectorat SF, ce qui serait dommage : ce récit mêlant des savants soviétiques fous, un idiot génial, une boiteuse mystérieuse et un universitaire largué est un authentique roman de genre.
Maniant une plume vive, un humour léger et un sens de la narration menant le lecteur jusqu’au bout sans effets clinquants, Theroux ne s’attarde pas sur les détails scientifiques de son intrigue, les contournant pour se pencher sur son étrange narrateur et ses rencontres abracadabrantes. A la limite du réalisme magique, Corps variables se déguste avec plaisir d’un bout à l’autre, cachant sous sa facilité une grande maîtrise de l’écrivain.