Borges en drôle
Witty, adjectif anglais, difficile à traduire en français, me semble le meilleur moyen de définir les Cosmicomics, recueil de récits brefs à l'image de Palomar ou, moins directement, des Villes...
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le 10 déc. 2020
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Ce recueil de nouvelles peut être divisé en quatre parties, qui ont d'abord été publiées séparément.
La première partie se nomme Cosmicomics – bien que le ton soit plus tragicomique que comique. Chaque nouvelle prend pour point de départ une citation d'un article scientifique, le plus souvent d'astrophysique, et développe à partir de là une trame narrative que nous raconte un personnage qui a tout vu, tout fait, avant tout le monde. L'histoire se déroule sur la lune, dans l'espace, sur une planète en formation, parmi les premières formes de vie terrestres, ou au tout début de l'univers. le côté scientifique n'est vraiment que le point de départ ; il s'agit de fables le plus fantaisistes possibles et non de science-fiction, comme l'indique l'auteur en préface. Les évènement extraordinaires qui se produisent peuvent rappeler la manière dont Cyrano de Bergerac prétend aller sur la lune ; il y a une imagination presque enfantine.
Chaque histoire, à travers ses personnages informes, irréels, ou faits d'animaux préhistoriques personnifiés, sert d'analogie pour les interactions sociales humaines : les commérages, la vie en voisinage, les enfants qui jouent, les nouveaux venus qui emménagent dans le quartier, leur intégration à la communauté et leur manière d'être vue par "ceux qui étaient là avant", la nostalgie, l'introspection, et en thème récurrents l'amour, la séduction, la jalousie, la déception amoureuse ou la séparation.
Parfois drôles, parfois amères, parfois touchantes, les anecdotes du narrateur errent entre fables et purs délires. L'aspect le plus marquant, qui ressort de l'ensemble de cette partie, est sans doute la mélancolie et la nostalgie avec lesquelles sont évoqués la quête éternelle de l'amour et la fatalité du destin qui sépare les couples. Les quelques pointes d'humour et le ton léger du héro renforcent, par contraste, cette impression.
La seconde partie du recueil, titré Temps Zéro, est une vraie déception. On ne retrouve plus les aspects humains qui font les histoires de Cosmicomics si géniales, et il n'y a même plus de trame narrative. Les nouvelles dans Temps Zéro se perdent dans des circonvolutions à propos de concepts abstraits comme le temps ou la division cellulaire ; le narrateur prétend expliquer des choses simples de manière complexe, sans direction précise ; le discours est décousu, abscons, il n'y a plus rien à ressentir ou à en attendre.
De plus, le style d'écriture n'a rien à voir avec ce qu'il était dans Cosmicomics ; à la place des phrases claires et simples de longueur moyenne, on se retrouve avec des longues phrases qui s'étendent sur un paragraphe ou une page, avec des propositions intriquées les unes dans les autres.
Si vous aimez Cosmicomics pour son côté humain, vous allez détester Temps Zéro et son babillage sans fin pseudoscientifique/vraiment mystique.
La troisième partie et la quatrième partie sont titrées Autres histoires cosmicomiques et Nouvelles histoires cosmicomiques ; elles sont plus courtes et reprennent le style de la première partie, mais cette fois je ne trouve pas que les nouvelles ont autant de puissance évocatrice.
En bref, je ne regrette pas d'avoir lu ce livre, mais c'est juste grâce à la partie Cosmicomics, qui elle seule vaut le coup.
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Créée
le 23 févr. 2017
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