Nous sommes à New-York en ce jour d'avril 2000. Eric Packer, multimillionnaire de 28 ans a décidé d'aller chez le coiffeur. C'est une ville embouteillée (visite présidentielle, enterrement d'un rappeur, etc.) que traverse lentement sa limousine suréquipée et surprotégée. Très vite nous apprenons qu'une menace pèse sur le jeune financier/spéculateur et qu'il vit probablement ses dernières vingt-quatre heures.
Autant te le dire sans détour, Don, mais ton roman est en partie raté. Bien sûr, il est court, assez linéaire et devrait te permettre de toucher un nouveau public. Mais aborder ainsi tes thèmes de prédilection (l'art, l'identité, les chaos d'un monde globalisé, notre rapport avec la destruction, avec la mort, la place de la technologie, notre deshumanisation, notre paranoïa teintée de violence, notre incapacité à comprendre un monde où les codes se multiplient, où les informations nous emportent dans un flux toujours plus fort, etc.) si superficiellement, au détour d'un paragraphe me laisse perplexe. Tu te contentes de redire avec désinvolture ce que tu as si brillamment exposé dans d'autres œuvres. Ces carlingues d'avions qu'on repeignait dans le désert (cf « Outremonde ») restent en mémoire, tandis que les trois lignes sur Rothko sont convenues et pèsent peu. Toi qui as su traduire les troubles, les menaces et les désordres de la fin du siècle dernier tu sors de ton chapeau un entarteur, des rats « vrais ou faux » et une immolation... C'est un peu court.
Bref, ceux qui liront ce livre verront que tu as de l'humour, le sens de l'absurde et du burlesque mais ils auront parfois l'impression de lire le dernier Bret Easton Ellis.
PS : à cause de toi, je vais demander à mon médecin si c'est grave d'avoir « une prostate asymétrique».