L’œuvre de K. Dick qui m'a laissé le plus frustré. Considéré comme son roman le plus personnel et touchant, avec comme thème principal l'amour, impossible pour moi de ne pas considérer Coulez mes larmes, dit le policier comme le texte le moins maîtrisé de l'auteur.
Peut-être que mon ressenti est dû à la traduction et que je gagnerais à relire le livre dans sa version originale mais il n'empêche que je trouve le texte assez lourd et incomplet. Si K. Dick parvient encore une fois à nous plonger dans un de ses univers délirants, mais pas forcément si irréalistes que ça, il a ici plus de mal à s'y confronter directement. Car au-delà des remarques récurrentes sur les camps de travail et la traque des étudiants, cette société n'est finalement que peu décrite par K. Dick.
Alors oui, on comprend bien qu'il s'agit d'un état policier/totalitaire faisant écho aux États-Unis de Nixon, il reste que la question de l'amour est bien trop abordée. En effet, on sent que K. Dick souhaite montrer que des traces d'amour subsistent même dans les pires sociétés, toutefois il se prend un peu les pieds dans le tapis en rendant justement ces preuves d'amour omniprésentes et non pas fugaces. Malgré un monde violent, corrompu et peuplé de collabos, la plupart des personnages sont finalement tous montrés très aimants, à leur manière, les uns envers les autres, rendant le cheminent de Jason assez futile. Idem pour Félix dont la scène finale tombe à plat.
C'est pour cela que je ressors très frustré de ma lecture de Coulez mes larmes, dit le policier. J'ai senti qu'il s'agissait d'un très personnel (plus qu'intime) et original dans la bibliographie de K. Dick et je ne peux donc pas m'empêcher d'être déçu par un texte qui ressort finalement assez peu et qui est surtout privé des fameux passages de bravoure stylistiques et thématiques qui caractérisent l’œuvre de l'auteur.
Ceci étant dit, Coulez mes larmes, dit le policier reste un roman plus que sympathique à lire et qui ravira les amateurs des textes psychotiques et paranoïaques de K. Dick.