«Vaughan est mort hier dans son dernier accident. Le temps que dura notre amitié, il avait répété sa mort en de multiples occasions, mais celle-là fut la seule vraie. Lancée vers la limousine de l’actrice, sa voiture a franchi le garde-corps du toboggan de l’aéroport de Londres et plongé vers le toit d’un car rempli de voyageurs. Les corps broyés en grappes des touristes, comme une hémorragie du soleil, étaient toujours plaqués sur les sièges de vinyle lorsque je me suis frayé un chemin parmi les techniciens de la police, une heure plus tard. Cramponnée au bras de son chauffeur, l’actrice Elizabeth Taylor, avec qui Vaughan avait depuis tant de mois rêvé de mourir, se tenait à l’écart sous les feux tournants de l’ambulance. Quand je me suis penché au-dessus de Vaughan, elle a porté une main gantée à sa gorge.»
Vaughan, ancien présentateur télé totalement narcissique, au physique couturé de cicatrices après un accident de la route, traque jour et nuit les accidents de voiture, la vision des victimes meurtries par la ferraille qui lui procurent un plaisir érotique violent. Branché sur la radio de la police, porté par cette sexualité obsessionnelle et démente, il photographie, détaille, et jouit devant les images des calandres arrachées et des blessures humaines, et fantasme sans fin sur un accident qui déchiquèterait les chairs d’Elisabeth Taylor.
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