Traduit en justice
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Crime et Châtiment est un chef d’œuvre au sein duquel la narration est centrée sur le personnage de Raskolnikov, jeune St-Pétersbourgien sans le sous, endetté jusqu’au cou, habitant à l'intérieur d'une modeste chambre dans les bas-fonds de sa ville où il côtoie constamment cette misère formidablement décrite par l’auteur, et ayant dû mettre un terme à ses études faute de ressources pécuniaires. Révolté par sa situation, l’injustice de l’existence, se pressentant un grand destin (excès de narcissisme ?) celui-ci prévoit de prendre un nouveau départ en volant notamment son usurière. Raskolnikov, c’est en fin de compte un homme qui se croit au-dessus des autres, mais qui, comme le chat, finit par retomber sur ses pattes. N’ayant pas pu assumer son acte, c’est à une véritable décente en enfer psychologique, psychiatrique que nous assistons ensuite. Nous entrons littéralement dans la tête de Raskolnikov, prisonnier des sentiments puis des questionnement philosophiques, théologiques... Évidemment il s'agit du personnage le plus fascinant de ce roman
mais l'ouvrage en lui-même vaut la peine d’être lu et relu car Dostoïevski a une très belle plume, écrivant dans un style limpide, très fluide. Outre la description parfaite de la misère humaine citadine qui parcourt le livre en arrière-plan, un des traits caractéristiques de Crime et Châtiment, demeure cette habitude qu'a l'auteur de laisser une grande place aux dialogues entre les différents protagonistes et cela permettra assez vite au lecteur de s'identifier à eux ! De plus, ces dialogues
sont divinement bien écrits, profonds, marquants, ils donnent lieu à de véritables joutes verbales.
Puis parmi les scènes inoubliables, incroyables s'inscrivant au sein de ce roman il y a celle où Dostoïevski met en lumière le meurtre de Raskolnikov. Moment d’une intensité rarement perçu.
C’est avec une grande émotion et une pointe de tristesse qu’on referme le livre, après un voyage sublime de plusieurs heures. Crime et Châtiment ne vous laisse pas indifférent parce qu'il illustre élégamment et savamment la folie d'un homme désespéré, tombé dans la misère qui décide de tuer son usurière en lui volant l'argent dont il a besoin pour vivre ou survivre. En effet Raskolnikov considère que tuer un être mauvais n'est jamais un crime. Le véritable point de départ de l’histoire sera donc le meurtre de « la vieille (l'usurière) », comme elle sera presque toujours nommée dans le récit. Ce passage tient en haleine, c’est du polar, quel suspense, quelle tension ! On se demande sans arrêt comment cela va se terminer, comment Raskolnikov va pouvoir sortir de cette situation !
Voilà pour le crime. S’ensuivront les nombreuses répercussions du crime sur l’esprit orgueilleux, fragile de Raskolnikov, tiraillé entre ce que lui dicte sa raison, et ses sentiments profonds qu’il ne peut complètement ensevelir en se référant à l'absurdité à laquelle il essaie vainement de se raccrocher pour justifier son acte, se dédouaner de sa culpabilité. Dostoïevski nous dépeint avec un talent, une magnificence, une flamboyance même, l’impact de cet acte sur Raskolnikov, tant au point de vue physique (il tombe malade) que mental (il devient fou) sauf lorsqu'il rencontre Sonia, qui sera la planche de salut de cet individu, celle qui lui montrera le chemin menant à la rédemption. Ce qui est passionnant dans ce roman c'est son dénouement qui est de plus en plus évident: Raskolnikov est détruit par le crime qu’il a commis. Voilà son châtiment, ce sont ses sentiments…Quant à sa rédemption qui rend l'homme heureux elle vient directement de Sonia et surtout de Dieu. Finalement, Crime et Châtiment est un livre grandiose, qui ose mettre en avant un crime effrayant en exposant notamment les sentiments d'un criminel oscillant entre la prison et la rédemption. En effet la religion tient une place importante dans Crime et Châtiment, comme visiblement dans tous les romans de l'auteur. Quant à cet ouvrage il commence par un crime, il finit par un châtiment, implacablement amené. L'épilogue m'a fait verser quelques larmes car ce livre rédigé par Dostoïevski est semblable à une véritable tragédie au sein de laquelle chaque passage mettant en scène un personnage demeure sublime, se situant dans les abysses de la tristesse.
Est-ce la rancœur, la faim ou la vanité qui les poussent à tuer ? Raskolnikov voit dans le meurtre un exutoire, un échappatoire. Cependant dorénavant à cause de son meurtre il va devoir supporter le poids de sa culpabilité. Sa santé se dégrade et sa famille, de passage, ne le reconnait plus. La culpabilité le ronge ensuite la police met la main sur lui. Crime et Châtiment pour le dire ainsi au lecteur c'est une œuvre à la hauteur de sa réputation au sein de laquelle Raskolnikov sera châtié. Le véritable châtiment mentionné dans le titre se déroule dans la tête du personnage qui est emprisonné, condamné par ses sentiments. Il a envie de revenir à la vie, de se tourner vers la lumière, mais, il ne sait pas comment faire, entrainé par la fatalité. Ce texte rédigé par Dostoïevski est d'une intensité dramatique impressionnante et sa beauté est surprenante.
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Créée
le 29 mars 2022
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