Il est rare (impossible presque) pour moi de mettre moins de 8 à un dialogue de Platon. Déjà, parce qu'on respecte le maître. Mais surtout parce que chaque oeuvre est un concentré de beauté, une puissance sans fin qui nous invite à la réflexion. C'est malheureusement un peu moins le cas du Criton. En effet, celui-ci joue sur deux tableaux : valoriser Socrate, prouver aux athéniens qu'il n'était ni lâche ni mauvais, qu'il ne méritait nullement la peine capitale, qu'il était le plus courageux, le plus juste, le plus moral des grecs.
Le second angle d'attaque de Platon, dans le Criton, est de mettre en avant ses théories sur la Justice : qu'il est plus mauvais de commettre le mal que de le subir, encore plus quand on parle au niveau politique qu'individuel. Ca justifie donc le fait que Socrate refuse de partir la veille de son exécution.
Cependant, on a l'impression que dans ce très court dialogue, Platon nous offre un annexe à La République et à l'Apologie de Socrate. En effet, aucune nouvelle théorie, rien de fameux et une démonstration certes efficace mais finalement, peut être un peu simple par rapport au reste de son œuvre. Évidemment, c'est très puissant, mais ça n'a ni la densité ni la profondeur de ses autres dialogues. Cela a un côté petit ouvrage rapide à lire et à saisir.
Certains diront que selon l'époque d'écriture la doctrine de Platon a été plus ou moins influencé par le Criton, pourtant, nombre d'expert reconnaissent qu'il n'aurait pas été écrit parmi les premiers, justifiant donc un peu moins cette simplicité (en même temps, on sent tout le long du texte que Platon revient sur des idées qu'il avait déjà développer). De plus, sa place historique n'a que peu d'intérêt de notre point de vue, plus de 23 siècles nous en sépare, il n'y a nul intérêt à y chercher une évolution stylistique pour des miettes pareilles. Non, regardons juste les doctrines et malheureusement, Platon ne nous offre pas son plus bel ouvrage.
Ca reste cependant intéressant, profond et, si c'est bien une annexe de La République et de l'Apologie, quel annexe et de quels œuvres !