Moi tu vois, j'étais parti pour la joie. Alors quand j'ai ouvert le livre ça sentait l'Italie des publicités, soleil et parmigiano, je pensais qu'on irait se balader sur un vespa et qu'on laisserait quelques gondoles à Venise.
Du coup ça me donnait pas vraiment envie. Et puis je me suis dit aprétoupourquoipas. Ouais après tout, pourquoi pas ?
Putain, parce que y'a vraiment que les cons qui changent pas d'avis. Les enfants j'ai vécu avec deux ados dans le bide. Des putains d'ados qui vivent ce qu'elles ont à vivre sans penser à ce qui se passera demain.
Anna et Francesca, qui se prennent des claques dans la gueule parce qu'elles s'habillent un peu trop putes pour les parents, parce qu'elles sortent tard le soir, se baignent sur la plage et jouent à niquer sous des squelettes de bateau avec des garçons un peu plus grand.
Et forcément les parents. Les pères, qui bossent comme des malades à l'usine de métallurgie. Celle qui fait bouffer tout le monde dans cette cité du Sud de l'Italie. Celle où que tu sois de gauche ou de droite tu bouffes la même merde tout le temps. Tu soulèves des pelletées d'acier toute la journée mais au moins t'as vue sur la mer pour pas chialer.
Les mères, qui torchent le cul des mômes, qui récoltent les restes de baffes qu'ont évité les plus jeunes. Les cages d'escaliers qui puent la pisse. Les magouilles pour s'en sortir.
Voilà, pendant 386 pages je suis parti en vacances avec des souvenirs plein la tronche, des amours d'il y a quinze ans, les papillons dans le bide quand on prenait la tasse avec les filles qu'on trouvait jolies, les boîtes de nuits péraves où tu fais tes premières expériences sexuelles, caché derrière les toboggans pendant que les plus petits rentrent pour aller se coucher.
Oh bordel. Silvia Avallone est devenue ma nouvelle amoureuse. En plus j'ai lu son dernier roman qu'est pas encore sorti (mais je vous laisse la surprise pour plus tard).
Cette façon de décrire l'Amitié entre deux filles n'ayant peur de rien ni de personne, sauf de se perdre l'une et l'autre. Les nerfs à vif, des optimistes écorchées, des portraits de gamines simples et pourtant trop compliquées. Personne n'écrit comme ça. En France y'a que Marion Brunet qui m'a autant coupé le souffle sur le ressenti des premières grosses claques dans la gueule, des contradictions entre le fait de vouloir déjà être grand tout en se réfugiant dans l'Enfance quand ça tremble de partout.
J'vous aurais bien conseillé ça pour l'été mais ça se mange tellement rapidement qu'il va falloir que j'écrive encore d'autres articles pour que vous puissiez cuire sans vous faire chier.
Molte grazie Silvia
(t'aimes ça le chocolat chaud ? parce que j'ai une petite idée derrière la tête...)