Les académiques vont-iels à l'Académie ? Après Barbara Cassin, voilà deux intellectuelles-autrices-écrivaines que j'adore et admire au Quai Conti. Deviens-je moi-même académique, ou l'Académie se modernise-t-elle à petits pas ? Je pencherais plutôt pour la seconde option, d'autant que l'Académie n'est pas si réactionnaire qu'on ne le croit ; la preuve : les Académicien.nes ont refusé d'élire Beigbeder et Éric Neuhoff. L'imprimatur du Figaro ne suffit donc pas à l'immortalité ; n'est pas Jean d'Ormesson qui veut...
Ce petit livre réunit le discours d'éloge de Chantal Thomas à son prédécesseur, le-dit Jean d'Ormesson. Ne l'ayant jamais lu, je ne sais pas bien quoi en penser. L'éloge me semble tout de même assez pudique, C. Thomas célébrant la liberté de Jean d'O et se gardant bien d'évoquer un quelconque talent littéraire. Le discours de réception par Dany Laferrière est tout à fait classique et explore les différents aspects de l'oeuvre littéraire et intellectuelle de l'immense Chantal Thomas : l'historienne des salons du XVIIIème, la spécialiste de Sade et Casanova, la Barthienne, la romancière, la diariste, l'amoureuse de la mer. Il souligne, lui aussi, son goût de la liberté. Liberté de bousculer les idées reçues en intégrant l'Académie sans qu'on ne le voie venir et sans qu'on comprenne vraiment pourquoi ; liberté de s'affranchir de ses codes en recevant non pas une épée mais un éventail. Laferrière ne s'y trompe pas lorsqu'il dit :
Casanova et Sade, vous faites dans des cocktails si forts, Madame, qu'on se demande ce qui peut bien vous attirer à l'Académie. (73)
Nous aussi, et c'est très bien comme ça.