Aaaaaaaaaah. Bon des fois les relectures c'est chelou hein. Quand j'avais lu ce roman y'a à peu près 5 ans, je l'avais trouvé absolument génial, voire féministe et tout. C'est dingue ce que tes perceptions peuvent changer entre temps minou.
Déjà je m'étais pas rendu compte à quel point ce bouquin pouvait être sordide. Je pense que c'était juste un manque d'expérience ou d'informations, d'émotions, enfin bref.
Sordide, glauque. Mais raconté avec ce détachement qu'on connait bien dans la culture hispanique/sud-américaine. Dans la ville des veuves intrépides m'a fait penser par moments à James Carlos Blake ou encore à Cosmix Banditos de Weisbecker. Pour la forme quoi, le style.
On rit jaune de situations hyper choquantes pour nous petits européens autocentrés sans se douter que de l'autre côté de l'Atlantique les coutumes font qu'on accepte une fatalité comme on accepte de payer ses impôts. Et basta. De quoi remettre certaines idées en place, de relativiser, le tout sans jamais faire de leçon de morale, ce qui rend le bouquin encore plus intéressant.
Colombie, début des années 90. Un petit village se fait vider de ses hommes par des guerilleros, seules les femmes restantes plus le prêtre décident de permettre au village de survivre.
C'est loufoque, absurde, acide, intelligent, maladroit, ... complet !
Je sais pas si t'as lu les 1000 façons de quitter la Moldavie chez Mirobole, bah c'est à peu près pareil sauf que la les veuves veulent pas partir de leur village. Juste apporter des solutions, contrecarrer avec un système patriarcal bancal qui a toujours eu office et dont il est super dur de sortir.
Moi je dis, tu peux lire ça pour l'originalité. Tu seras pas souvent d'accord avec ce qui est dit. Tu seras sûrement pris aux tripes quand tu liras les interviews des paramilitaires d'extrême droite, des guérilleros et des campesinos colombiens, des situations absurdes des habitants de Mariquita, de l'Autre Veuve, de Julia Morales, l'adolescent muette qui se sent si bien dans ses habits de femme, et tu jubileras devant la création du calendrier basé sur une temporalité féminine (et féministe).