Tu vois Marion c'est la voix qui te rappelle l'adolescence provinciale, loin des cafés bobos du VIe et des sorties culturelles chez Zadig et Voltaire alors forcément.
Forcément elle prend par les sentiments, elle l'avait déjà fait dans Frangine et dans La gueule du loup (Sarbacane), mais cette fois elle pointe le doigt sur des situations qui font tellement MAIS TELLEMENT écho en moi.
La découverte des premières manifs alors que t'es à peine majeur (dédicace à Benjamin et Clément), se faire courser par les CRS, rendre visite aux potes dans les squats, essayer de comprendre ce que mode de vie alternatif veut dire, devenir pseudo utopistes en citant Marx et Proudhon et croire que ça aura de la valeur en l'écrivant sur le mur de ton bahut...
Une putain de madeleine de Proust aux allures d'un après concert des Bérus. Oui je sais les deux références vont pas forcément de paire mais on s'en cogne.
Parce qu'on s'identifie forcément à tous les personnages du roman, voire même tous. J'te le donne en mille, tu vas rigoler, tu vas chialer (que t'ai du coeur ou non qu'on soit bien d'accord tu vas chialer) et tu vas avoir une subite envie de refoutre tes baggys en gueulant dans la rue "Bella Ciao Bella Ciao lalalalalalala (parce que si t'es comme moi, t'es pas vraiment un as en italien)".
Dans le désordre, c'est pas seulement la description de personnes ayant décidé de vivre en marge de la société ni d'une prise de conscience qui arrive au moment où t'as l'âge de remettre en question le monde qui t'entoure. C'est aussi un roman d'amour, d'une belle et franche amitié dans lequel tu vas te refaire un kaléidoscope de tous les potes qui te font penser à.
Et à tes parents un peu aussi. Le sourire à l'envers, à l'endroit et quelques noeuds dans le bide.
Allez. Même si c'est gagné d'avance, lis moi cette petite perle qu'on en discute autour d'une bière, d'un merguez frite, qu'on parle ensemble des nombreuses références (Le Comité Invisible, Benoit Minville, ...), et qu'on prenne bien conscience que la seule façon de se battre contre l'ignorance, c'est bien de lire.
Crois moi, après avoir lu Dans le désordre, toi aussi t'auras envie de construire une cabane, avec quand même un petit espace pour ta bibliothèque et la musique.