"Je préfère les natures humaines qui ressemblent aux lacs gelés à celles qui ressemblent aux marais. Les premiers sont durs et froids en surface, mais profonds, tourmentés et vivants en dessous. Les seconds sont doux et spongieux en apparence, mais leur fond est inerte et imperméable".
Un début excellent, puis vient un moment où les pensées de l'ermite reviennent, se répètent jusqu'à laisser au lecteur une impression de sénilité.
Les bons traits d'esprits se raréfient à mesure que la magie du dépaysement devient une habitude.
Néanmoins, les interactions avec les pêcheurs, les touristes, les habitants des bords du lac sont authentiques. Certaines scènes et dialogues sont plutôt cocasses et dépeignent avec justesse l'esprit russe.
Nous suivons l'auteur jongler entre différents états émotionnels. Sa soif de silence est constante, et il trépigne lorsqu'un individu vient troubler la quiétude. Son inquiétude devient joie quand il s'aperçoit qu'il s'agit d'une âme complice et qu'il passe du bon temps à boire de la vodka et refaire le monde. Puis vient le déchirement de revenir à la solitude.
En revanche, je n'ai vraiment pas apprécié la différence entre le résumé du livre et le récit. En fait d'ermitage, Sylvain Tesson n'a de cesse de bouger, d'avoir des visites. Aller à l'autre bout du lac sur les éperons rocheux, quitter sa cabane pendant 10 jours pour rendre visite à quelqu'un.
Il donne l'impression d'être quelqu'un d'intenable, comportement qui colle bien avec son passé de baroudeur, mais qui vient jurer avec le souhait d'un train de vie monacal.
Ce n'est donc pas une expérience d'ermitage dans sa forme la plus radicale, parlons plutôt d'une retraite contemplative au bord du lac Baïkal..
La fin ne m'a pas convaincu, voire déçu. J'ai ce sentiment que Sylvain Tesson a fini par se lasser de son expérience, on commence à le sentir dès le 4e mois de son périple.
Pour conclure : un dépaysement total, une plume savante et sympathique.
za vashé zdorovie !