Le polar a l’habitude de nous entraîner dans des lieux sombres et inquiétants. Le roman de Morgan Audic est à la limite d’un thriller de science-fiction. Les meurtres qui font l’objet d’enquêtes se déroulent à Tchernobyl. Les premiers meurtres ont lieu au moment même de l’explosion du réacteur numéro 4 de la centrale, le 26 avril 1986. Léonid Sokolov, est un citoyen russe, il est retrouvé assassiné près de Tchernobyl en Ukraine, pendu à la fenêtre d’un immeuble , maintenu par des filins au milieu de taxidermies. Il est le fils du pétro-oligarque Vektor Sokolov, ancien ministre de l'Énergie en 1986. L'épouse de ce ministre, Olga Sokolov ainsi que l'une de ses amies ont été assassinées trente ans plus tôt le 26 avril 1986. Il y a tout lieu de penser qu'un lien existe-t-il entre ces assassinats. L’auteur fait le choix d’une double temporalité pour mieux décrire les conséquences factuelles de l’explosion du réacteur. La zone de contamination est grande comme le Luxembourg. L’accès y est interdit ou limité, ce qui est en pratique très difficile et n’empêche pas le tourisme ou le trafic de matériaux. Nous nous retrouvons donc avec un cold-case et un crime récent en plein milieu d’une vaste zone contaminée. Deux enquêteurs qui ne travaillent pas ensemble et aux motivations très différentes vont mener l’enquête. Ce deux personnages ont bien entendu des personnalités particulières. On peut compter sur la vivacité d’écriture de Morgan Audic, sa précision et une documentation fine pour nous plonger dans l’enfer du lieu. C’est un roman addictif dès ses premières pages, le scénario est vraiment parfait. À l'issue de chaque lecture, on ressent le besoin de prendre une douche décontaminante. La résolution ne manque pas de surprendre, car comme tout bon roman policier, il y a des fausses pistes et des chausse-trappes.