Charles Dickens étant l'auteur préféré de John Irving, mon propre auteur préféré, il était écrit que je me pencherai un jour sur l’œuvre du romancier anglais. Et, après moult tergiversations, j'ai fini par jeter mon dévolu sur De grandes espérances ; ne me demandez pas pourquoi celui-ci plutôt que Oliver Twist ou David Copperfield, par exemple, je ne le sais pas moi-même. Toujours est-il que c'est donc sous le patronage de John Irving que je me suis plongé dans ce roman et je ne le regrette pas une seule seconde, tant je me suis délecté des aventures de Pip, le jeune héros.
L'auteur anglais nous livre, dans un style propre à son époque – très soutenu, parfois à la limite de l'emphase (cela ne saurait être considéré ici comme un défaut) –, un récit initiatique qui va mener le jeune Pip de la condition d'apprenti forgeron sans-le-sou au titre de gentleman londonien sous la coupe d'un mystérieux donateur qui va lui assurer assurance financière et place dans la société. Ce mystérieux donateur va finir par se faire connaître et la vie du héros va alors basculer et rien ne sera plus jamais comme avant pour le jeune Pip, qui n'est plus si jeune que cela à ce moment de sa vie.
La lecture de ce roman m'aura révélé une chose, en même temps qu'elle en confirmait une autre. Je comprends mieux aujourd'hui pourquoi John Irving est l'auteur que je porte le plus aux nues, et pourquoi lui-même révère Charles Dickens : les deux ne jurent quasiment que par le roman d’apprentissage et je peux aujourd'hui l'affirmer, ces romans sont ceux que je prends le plus de plaisir à parcourir ; je me repais à chaque fois de ces récits picaresques, souvent fleuves, qui narrent la vie de leurs héros sur une longue période. Quant à la confirmation, ce roman de Dickens entérine définitivement le fait que la littérature anglaise du XIXe siècle est, de loin, la période littéraire que j'affectionne le plus.