Moins connu que « Cent ans de solitude » du chantre du "Réalisme magique" qu’est le colombien Gabriel Garcia-Marquez (prix Nobel de littérature 1982), ce livre devrait enchanter ceux qui s’y plongeront.
Dans son introduction, l’auteur évoque la découverte en 1949, de la dépouille d’une jeune fille de 12 ans dans une crypte d’un couvent. La dépouille marque les esprits par sa chevelure cuivrée de 22 mètres et 11 cm. Sierva Maria dos los Angeles serait morte de la rage au XVIIIème siècle. Garcia-Marquez raconte l’histoire de cette jeune fille en évoquant chacun des personnages de son entourage ainsi que tous ceux qui ont joué un rôle dans le drame qui l’a conduite à la mort.
En manque d’amour dans sa famille, Sierva Maria a trouvé refuge auprès des esclaves noirs de la propriété. Son père est le marquis de Casalduero. Très libre, la jeune fille est mordue par un chien sur le port. Le chien est enragé. Sierva Maria continue de se porter comme un charme, mais son père s’inquiète. On cherche d’abord à vérifier si elle n’est pas contaminée. On la soigne. Puis, l’Eglise s’en mêle ; il faudrait l’exorciser. Sierva Maria se retrouve à l’isolement dans un couvent où Martina sa seule compagne est considérée comme folle. Une relation inattendue va se nouer entre Sierva Maria et Don Cayetano Delaura, le père chargé de procéder à l’exorcisme.
Garcia-Marquez est ici très à l’aise. Dans un roman court (186 pages), il décrit une époque, une société, de nombreux personnages et un drame qui se noue entre eux. De nombreux signes interpellent le lecteur, car le "Réalisme magique" est bien présent, notamment pour laisser planer le doute entre la maladie et la possession par le démon. Sierva Maria a un caractère de feu et utilise des langues que son entourage imagine démoniaques.
Malgré une trame façon « Chronique d’une mort annoncée » l’auteur ménage le suspense jusqu’à une fin marquante. Un roman qui mêle érudition et talent de conteur dans un style inimitable et accessible. Une découverte de choix.