De l'autre côté du miroir n'est ni une variante ni la suite de Alice au pays des merveilles. C'est..."autre chose". En théorie c'est censé être une partie d'échec géante. Honnêtement ça ne se voit pas vraiment dans le texte. C'est du grand n'importe quoi en rafale. Alice se retrouve propulsée dans un monde peuplé de schizophrènes délirants passant du coq à l'âne, prenant tout au pied de la lettre, faisant des choses absurdes, n'ayant aucune perception de leur corps. De véritables schizophrènes! Et croyez moi, écouter un schizophrène pendant 5 minutes c'est fatigant, alors en lire le récit sur plusieurs pages est exténuant. On en devient presque mal à l'aise pour Alice. Elle s'en prend plein la tronche dans ce monde psychotique où personne n'aurait envie d'évoluer. On n'y retrouve pas des personnages charismatiques comme dans Alice au pays des merveilles qui s'interrogent sur leur propre folie et sur celle d'Alice. De plus, l'héroïne y suivait un semblant de "logique" narrative. Elle se fixait même des objectifs ("d'abord retrouver ma taille, ensuite accéder au jardin"). Là elle est portée au fil des "sauts" elliptiques délirants (par exemple elle se retrouve dans un train puis en sort mystérieusement). Les chansons et autres poèmes qu'on y lit sont gonflants au possible et font presque office de remplissage. Du plus la multiplication des jeux de mots rend la traduction absurde vu qu'elle confine à la réécriture.
Carroll saborde totalement son récit en le terminant en nous révélant qu'il s'agissait d'un rêve. Ce qui est juste un moyen de se dédouaner d'une folie presque gênante.
La rencontre avec la schizophrénie est certainement le seul intérêt qu'on peut dégager des aventures d'Alice. Sur un plan psychopathologique Carroll était certainement un type très intéressant (pédophile? schizophrène?). Sur un plan littéraire il rejoint la longue liste des auteurs les plus surestimés de tous les temps.