L'été des jeux interdits
Lize Spit enseigne l'écriture du scénario à Bruxelles. On peut aisément imaginer la qualité de ses cours au vu de son premier roman, Débâcle, qui a débarqué en France tout auréolé de son...
le 10 mars 2018
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Lize Spit enseigne l'écriture du scénario à Bruxelles. On peut aisément imaginer la qualité de ses cours au vu de son premier roman, Débâcle, qui a débarqué en France tout auréolé de son invraisemblable succès outre-Quiévrain. Sur la couverture de son édition originelle flamande (intitulée Het smelt : tout fond) figure une bêche, "vedette" d'une des scènes centrales du roman, remplacée en France par l'image d'une fillette, une cigarette allumée en main (hors sujet mais dérangeante comme l'est le livre). Débâcle mène de front deux intrigues parallèles, à 13 ans de distance. Dans la première, Eva, 14 ans, participe un été à des jeux interdits avec deux garçons de son village. Dans la seconde, elle revient sur les lieux de son enfance et adolescence, avec un bloc de glace dans le coffre de sa voiture, animée par un fort sentiment de vouloir régler ses comptes. Le livre se situe en marge du thriller avec un art du suspense savamment distillé mais se déroule surtout comme une chronique paysanne qui n'épargne aucun de ses protagonistes. Ce monde rural, digne d'un Goupi mains rouges moderne et vu à hauteur d'adolescents, ne semble héberger que des individus dysfonctionnels, qu'ils soient adultes ou adolescents. La plume de Liz Spit, tranquille et brillante, il faut bien l'avouer, semble parfois faire preuve de complaisance dans le sordide et le morbide. Ce côté dérangeant du livre est assez difficile à supporter dans sa scène-clé, hyperréaliste et d'une crudité totale. Mais en même temps, avec son héroïne prise dans l'étau d'une domination masculine perverse qui la rend aussi bien complice que témoin, victime et bourreau d’agissements cruels, l'auteure rappelle à juste titre la violence de l'adolescence et la nécessité de délivrer un message féministe vibrant. De là à rendre aussi éprouvante la lecture, chacun jugera de la pertinence du choc des propos et du poids des mots.
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le 10 mars 2018
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