Cobras des villes et rats des champs

Bonjour.

Une petite ville traditionnelle de fermiers dans l'Est américain du 20ème siècle. Sans histoires, un peu assoupie sur ses terres et ses habitudes établies, elle voit arriver un homme fascinant qui va la faire plier sous sa loi personnelle.

Le scénario est celui, bien rodé, de nombre de westerns où une population de braves gens est soumise par un homme d'influence qui connait la force aussi bien de la loi bien comprise, la sienne, que celle de la violence. Il s'approprie peu à peu la ville par tous les procédés, à commencer par ses forces de "police", ses adjoints, comme au bon vieux temps. On y connait la puissance du "shérif" depuis toujours (les vieux western sont légion à tirer sur cette veine) et encore aujourd'hui (cf. Rambo).

On n'est donc vraiment pas dépaysé avec The Auctionner.

L'action locale n'est en fait que l'incarnation d'un phénomène connu également en Europe : la vague migratoire du retour des citadins vers un habitat campagnard qui videra les petites villes des derniers fermiers, prises d'assaut pour une bouchée de pain par les agents immobiliers et les promoteurs.

Le rouleau compresseur de l'intrigue est très bien mené : lent et inexorablement grandissant. Ce n'est pas sans rappeler non plus certaines époques de crash où les banques pillent leurs petits créanciers. On enrage avec une population pieds et poings liés, prise dans la situation de ces insectes infestés d'un parasite qui les dévore vivants.

Sans vouloir en rajouter, il plane aussi comme un parfum de pogrom et de shoah (cf. Le Dictateur de Chaplin, Lacombe Lucien de Louis Malle).

Un excellent thriller qui n'a l'air de rien. Ce sont les pires : ils réveillent ce doute craintif que tous les peuples peuvent éprouver envers ceux qui sont censés les protéger.

Je recommande.