Il y a, chez Marias, une maitrise et une virtuosité qui peuvent éloigner le lecteur.
Il y a presque un trop plein de subtilité, de justesse, dans les analyses psychologiques qui peut intimider. Marias est souvent plus intellectuel que sensuel.
Il y a ce perfectionnisme dans la tentatitive de reproduire au plus proche le fonctionnement de l'esprit humain, de sa mémoire, qui se traduit dans ces scènes qui s'allongent, comme les phrases, se détaillent à l'extrême, digressent, réfléchissent sur elle-même avant de perdre toute raison, à la fin des trop longues nuits.
Le reste est oublié, les ellipses temporelles sont béantes, d'où importance quasi fétichistes de ces enregistrements que l'on se repasse sans fin afin de capter la vérité des êtres.
Car l'essence des personnages semble constamment s'évaporer, ils traversent en spectateur leur histoire et seul le hasard les fait vivre.
D'ailleurs ici Marias en abuse peut-être un peu du hasard.
En résumé, c'est intelligent, drôle, mélancolique, mais aussi hyper-bourgeois, et après tout ça on a envie de se lire un petit roman southern gothic bien crade pour se nettoyer de toute cette disctinction et de cette légère pointe de jalousie qui nous envahit.