Bandini : la naissance du mythe (1939)
Si Jack Black - l'auteur-narrateur de "You can't win" - est le témoin, l'annonciateur, avec un son côté ange Gabriel, alors Arturo Bandini, l'alter-ego de John Fante, est le Messie. Celui par qui tout arrive. Moins voyageur que son prédécesseur, Bandini ne porte pas moins en lui cette dimension du voyage, en tant que fils d'immigrant italien. Bandini partage avec Black d'avoir quitter le foyer tôt, de ne pas s'y être bien senti et de l'aimer pourtant.
Il s'échoue, sédentaire, à Los Angeles (dernier rush vers l'Ouest où la vie est toujours plus belle). Vit lui aussi dans la misère. Mais gagne son argent différemment, il roule lui aussi son monde. Sa logeuse, ses voisins, son éditeur le grand Hackmuth !.
Et il y a toujours cette obsession, qui revient sans cesse, combien me reste-t-il en poche aujourd'hui ? Combien de temps je peux tenir avec ça, théoriquement ? Combien de temps je tiendrai en pratique ? Jusqu'à ce que la gloire, car elle arrivera forcément un jour - elle ne peut qu'arriver au génie qui a écrit Le Petit Chien Qui Riait ! – me tire de la misère. Car Bandini, c'est avant tout un grand auteur pas encore découvert... Tour à tour exécrable, insultant, roublard, sans pour autant attaquer la couche profondément honnête du personnage, sa façon attachante de se sacrifier à ceux qui l'aiment, renonçant ainsi à ses objectifs, contre toute attente. Celui que Fante aurait aimé être sans doute, s'il n'avait cédé aux grasses sirènes d'Hollywood...