Mardi soir, rue Gambon à Bourges chez mon libraire, je découvrais Charles Bukowski, dont l’oeuvre littéraire est absolument à l’opposé du reste de ce que l’on peut lire des années soixante. Bukowski, c’est une oeuvre qui se résume à ses thèmes principaux : l’alcool, les motels miteux, les rencontres bizarres, et le sexe. Mélangez le tout et vous obtiendrez l’oeuvre du grand Charles Bukowski, au passé houleux et au périple artistique.
C’est parce que j’avais lu Bukowski, les deux recueils de nouvelles Au Sud de Nulle part et les Contes de la folie Ordinaire, que mon libraire m’a parlé de John Fante, qui a été l’inspiration de Bukowski.
J’ai été transportée dans le quotidien d’une famille d’immigrés italiens, les Bandini, au milieu des années 30, le tout centré autour des personnages de Svevo, le père alcoolique, Maria, la mère dépressive et leurs trois fils, le tout entre religion et vices privés.
Cent soixante-quinze pages de pur bonheur, d’une forte simplicité.
Acheté en fin d’année scolaire dernière, je ne l’ai lu qu’en septembre, et acheté la semaine dernière l’oeuvre emblématique de Fante, sous recommandation de mon libraire : le grand Demande à la poussière, avec une préface de Charles Bukowski, trois pages qui ne vous donnent que l’envie de lire le livre.
J’ai su à l’instant même où je l’ai ouvert, que c’était un livre que j’allais regretter d’avoir fini, ce livre dont la magie opère à chaque mot, à chaque phrase. J’ai aimé ce livre dès les premiers mots de la préface à "Charles Bukowski 5 juin 1979", et encore plus du premier au dernier chapitre, dans ces 275 pages. Je m’en suis délectée. J’ai su dès le premier moment que c’était un chef d’oeuvre magnifique, pour moi qui n’aime pas les histoires d’amour, j’ai été fascinée, j’ai été aborbée par le regard du Camilla perçu par Arturo Bandini.
En effet, dans ce second volet, on retrouve Arturo Bandini fils, âgé d’une dizaine d’années dans Bandini, a maintenant vingt ans dans Demande à la poussière et est un jeune écrivain qui a fui sa campagne, l’exclusion…
Demande à la poussière, c’est l’histoire d’un jeune homme un peu perdu professionnellement et affectueusement, c’est aussi l’histoire d’un artiste qui cherche sa muse, et qui la trouve en la personne de Camilla, une hispanique simple et magnifique. Camilla c’est un caractère, un physique et des chaussures.
A partir de leur rencontre, on est l’invité surprise de leur amour, comme un troisième membre, de l’histoire, un spectateur / acteur dont Arturo est complice. Arturo, en plus d’être perdu, dans tous les sens du terme, est tantôt hautain, tantôt attachant, triste et parfois détestable.
Lisez, fermez les yeux, et imaginez Camilla virevoltant entre les tables et le regard mi-haineux, mi-amoureux du personnage, imaginez Le Chien qui rit qui s’empile, imaginez-le.