Dans ce 35ème tome des Annales du Disque Monde, nous retrouvons notre escroc préféré Moite Von Lipwig qui, après être devenu directeur de la Poste dans le génial "Timbré" puis de l'hotel de la monnaie dans "Monnayé", va se retrouver en charge d'une nouvelle invention qui va encore un peu plus propulser le Monde du Disque dans la modernité: la machine à vapeur.
Dans ce nouvel opus, nous aurons donc droit aux premiers tours de roue de "Poutrelle de Fer", la première locomotive du disque, et aux constructions des premières lignes de chemin de fer entre les principales villes du continent sur l'impulsion du Patricien. Moite est mandaté pour résoudre les problèmes qui seront nombreux. En effet, la situation politique est complexe chez les Nains. Les "fondementalistes" font encore des leurs en refusant tout progrès et le chemin de fer cristallise leurs haines.
Si ce tome est un moins prenant que les autres aventures de Von Lipwig que j'évoque plus haut, il n'en reste pas moins un excellent roman qui suit aussi les problématiques communautaristes déjà évoquées dans "Jeu de Nain". Pratchett fait un peu une synthèse de toutes les dernières aventures parues et on croise donc beaucoup des personnages que l'on aime bien qui font des apparitions parfois un peu trop courtes. Sur le fond, comme la plupart des autres, ce "Déraillé" a évidement une double lecture. Si le thème évoque beaucoup l'histoire des pionniers du chemin de fer il parle surtout de modernité, de progrès technologique et social et de l'opposition des traditionalismes à l'avancée du monde. Les Nains du Disque ont évidement de nombreux points communs avec les communautés religieuses du globe et leurs rapports difficiles avec le progrès et l'humanisme... Un sujet terriblement d'actualité à l'heure où j'écris ces mots.
Au final, Déraillé est donc un excellent titre qui n'est qu'un "très bon" Pratchett au vu de l'excellence de ses nombreux de ses autres livres. A lire cependant aujourd'hui plus que jamais car sous l'humour toujours omniprésent chez cet auteur d'exception, la réflexion sur notre monde, ses travers et son évolution est salutaire.