David Vann ne se contente pas d'un travail purement journalistique qui consisterait à nous raconter une énième tuerie dans une université américaine, bien que ces éléments soient présents et intéressants. Il nous offre son point de vue, en tant que personne qui ressent des points communs entre son enfance et celle de Steve Kazmierczak, auteur d'une tuerie en 2008. Par là, il explique sans doute le parcours de nombreux jeunes hommes américains, qui ont grandi dans la culture des armes et qui ont eu par ailleurs des difficultés familiales, sociales, psychologiques. Ce que David Vann explique en comparant leur parcours respectif, c'est qu'il faut peu d'éléments nouveaux dans ce genre de vie, pour passer à l'acte et donc, à la violence. Car celle-ci est intrinsèque, nous sentons tout au long de la lecture de ce livre qu'elle était présente déjà petit et qu'elle n'a fait que se développer et se révéler d'autant plus avec l'effet de mode et de fascination morbide pour toutes les tueries de masse qu'il y a aux Etats-Unis.
C'est un livre qui baigne dans son contexte américain, mais il donne aussi à réfléchir même en vivant dans un pays européen : ces jeunes hommes en difficultés personnelles existent dans tous les pays riches, certains ont sans doute les mêmes envies de violence chez nous. Mais là-bas ils ont des armes, et c'est finalement le drame que dénonce David Vann.
Par moments, le lecteur ne pourra s'empêcher de penser que l'auteur pointe du doigts toutes les erreurs commises par les personnes de l'entourage de Steve Kazmierczak, mais je crois fondamentalement que ce n'est pas l'intention de David Vann. Il le dit à plusieurs reprises, il énonce les faits, mais ne porte pas de jugement, car il a rencontré la famille et les amis de cet individu, qui clament pour la plupart qu'ils ne se doutaient de rien, et il a fait face à leur douleur. C'est d'ailleurs pour ça qu'ils ont accepté de lui parler. Cela lui permet aussi d'aborder un sujet intéressant : comment faire le deuil d'une personne responsable d'autres morts, comment faire comprendre que l'on peut souffrir de la mort des victimes, comme de celle du tueur ?
Il a donc écrit un livre ni pour accuser, ni pour excuser, mais plus pour expliquer comment on peut en arriver là.

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le 31 août 2018

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