Anima est une véritable claque, aussi bien dans l'histoire racontée que dans la façon de le faire.
L'élément pour moi le plus novateur est que Wajdi Mouawad a décidé de faire suivre cette histoire au lecteur par le biais du regard animal. Très concrètement, ce sont des animaux qui, chapitre après chapitre, nous décrivent ce qu'ils voient, ce qu'ils entendent, ce qu'ils perçoivent (ou peuvent comprendre) des situations qui ont lieu à leurs côtés (et l'on sent derrière un lourd travail de recherches en zoologie par sourcis de réalisme).
Mise à part cette grande originalité que de faire parler chiens, chats, insectes, chevaux, etc, cela fait du bien de lire un récit qui se passe au Québec (du moins pendant une bonne partie) et dans des réserves indiennes, et qui met en scène des personnages aussi bien québécois, qu'amérindiens, ou libanais. Une première pour ma part.
En même temps que l'on suit le personnage central dans son drame personnel - personnage qui semble au départ complètement dépassé par les évènements, un homme ordinaire qui croyait avoir une vie ordinaire ponctuée par l'amour de son épouse - on voyage à travers l'Amérique du Nord, de territoire en territoire et également de culture en culture, en en retraçant l'Histoire, et en passant également par les souvenirs du Liban. On sent là encore un grand travail de recherches historiques et géographiques.
C'est un livre très bien écrit, qui a plusieurs histoires entremêlées et qui fouille ses personnages, même secondaires.
! Attention ! Plusieurs scènes sont véritablement choquantes par la violence qui les caractérise et le langage très direct qui y est utilisé. Ames sensibles et jeunes personnes s'abstenir.
Cela reste un très grand livre, qui vous bouleverse sans jamais être fleur bleue. Ses 400 pages se lisent très facilement, tant l'écriture est fluide, malgré la dureté de certains dialogues.