Historienne marxiste, Wood s'attaque au "canon" (avec tout ce qu'il y a de sacré dans ce terme) de la philosophie politique européenne. Bien que comme elle le souligne, il est difficile de voir dans la Grèce une Europe en germe, il reste que la pensée antique a inspiré en nombre des théoriciens et philosophes du politique et de la politique.
Pour ce faire, elle remet les idées dans leurs contextes. Un contexte bien précis pour elle : les relations entre la propriété et les moyens de gouverner. Comme elle le souligne, cette question de la propriété, en d'autres termes le clivage entre les non propriétaire des moyens de productions et les propriétaires des moyens de productions (à prendre ici dans un sens très large), traverse la philosophie politique occidentale. Autrement dit, elle cherche à montrer que les théoriciens de la politique partent toujours d'une situation donnée, pour essayer de trouver des réponses. Elle ne se limite pas à une vulgate marxiste qui voit dans tout les penseurs le reflet de leurs classes sociales et insiste sur les différences qui existent entre les différentes méthodes qui ont été pensé au sein d'une même classe, pour trouver des solutions à des problèmes concrets. Par exemple, la théorie d'Aristote selon laquelle certains hommes sont naturellement des esclaves n'est pas une réflexion sur la nature humaine en général, mais bien un propos sur le système esclavagiste tel qu'il existait dans les sociétés antiques.
Les contextes abordés dans ce livre sont l'Athènes antique, la Rome de la fin de la République et impériale, ainsi que le 13ème siècle (via les figures de St Thomas d'Aquin, Occam, etc).
Néanmoins, j'ai quelques réserves : notamment il y a très peu d'histoire des institutions qui ont effectivement interprété les philosophes du politique, et le focus (peut être nécessaire) sur quelques grands auteurs donne le sentiment d'une histoire désincarnée, c'est à dire un manque de continuité, et le sentiment que la philosophie politique n'est fait que de quelques auteurs canonicaux.