Aujourd'hui, j'ai lu Des Fleurs Pour Algernon.
Dès son incipit citant un extrait de Platon, le roman nous averti de ce qui arrivera à Charlie Gordon, le héros du récit. Loin de vouloir briser tout suspens, l'auteur Daniel Keyes instaure de suite sa maxime : qu'importe la conclusion, observez plutôt le chemin.
Et le chemin de Gordon est pour le moins unique en son genre : né limité intellectuellement, il vit dans une bienséance et une naïveté candide. Mais lui voilà donné la possibilité d'augmenter artificiellement son intelligence en participant à une expérience scientifique ! À lui, les sommets de la contemplation intellectuelle, à lui les joies de la compréhension des mystères les plus complexes de l'univers !
Mais l'intelligence est aussi une pomme empoisonnée, et le gouffre qui se crée entre lui et ceux qu'il aime pourrait bien mener Gordon à sa propre perte. Car qu'arrive-t-il à un humain si l'intelligence et l'instruction qu'il reçoit ne sont pas tempérés par une chaleur humaine ? Qu'arrive-t-il à un esprit encore enfantin si l'ouverture à l'univers qui l'entoure se fait trop brusquement ? Car en même temps que s'ouvre les frontières de son esprit, des souvenirs d'un passé tragique, auparavant inaccessibles, se retrouvent libérés de ce cadenas mental.
Avec Des Fleurs Pour Algernon, Daniel Keyes signe ici un fait d'arme littéraire majeur d'une portée universelle, exploitant aussi cette célèbre allégorie platonicienne qu'est la Caverne. Le principe du journal intime peut marquer par le démarrage à froid nous plongeant directement dans l'esprit limité de Gordon dès le début, mais passé ce court moment, il est ensuite impossible de lâcher le livre. On voit l'écriture du jeune homme se développer, s'affiner… On découvre avec lui l'élévation sociale que son intelligence lui octroie, ainsi que les pertes qu'elle provoque.
Cette histoire, devenue iconique dans la culture littéraire américaine contemporaine, est aussi un immanquable de Science Fiction, dont Isaac Asimov vantera le génie lors de la remise du prix Nebula pour son livre. Il aura aussi droit à une adaptation au cinéma en 1968 avec le film Charly, et sera alors une référence qu'on retrouvera dans divers séries, films et jeux vidéo, allant de la souris Algernon dans Brooklyn-Nine-Nine à un personnage nommé Algernon dans le jeu vidéo Fallout 2.
L'auteur, avec son roman, cherche avant tout à développer une idée lui étant venue après sa première d'université à New York : "Mon éducation creuse un fossé entre moi et les gens que j'aime. Qu'arriverait-il si l'on pouvait améliorer de manière artificielle l'intelligence humaine ?". Et c'est justement cette thématique que traite avec justesse Des Fleurs Pour Algernon, et c'est pour cela que, de par sa portée universelle à vouloir traiter du thème de l'intelligence, vous devez impérativement lire ce roman !