"Des grives aux loups" est un roman de Claude Michelet. C'est même le premier tome d'une saga dite "Saga des gens de Saint-Libéral" qui comporte quatre tomes qui feront l'objet de critiques sur SC au fur et à mesure de mes relectures.
Quelques mots concernant Claude Michelet qui fait partie de la célèbre "Ecole de Brive" et maintenant de la "Nouvelle Ecole de Brive".
Claude Michelet est le fils d'Edmond Michelet qui fut un homme politique sous la IVème et Vème république.
En ce qui concerne Claude Michelet, (ancien) agriculteur en Corrèze, passionné par la vie rurale , a écrit de nombreux ouvrages qui sont des romans ou des récits autobiographiques. Ils prennent en général source en Corrèze ou ont un rapport avec la Corrèze mais parfois se développent dans d'autres régions ou d'autres pays.
J'aime beaucoup ce romancier que j'ai découvert il n'y a pas si longtemps et dont j'ai lu une petite quinzaine de romans.
"Des grives aux loups" : l'histoire se déroule dans un petit village corrézien et met en scène Jean-Edouard Vialhe qui règne en maître absolu sur ses terres, sa famille, sa femme et ses trois enfants, Pierre-Edouard, Louis et Berthe.
Le roman commence l'hiver 1899 et se termine en 1920. Cette époque voit l'émergence de techniques nouvelles pour l'agriculture, des mutations liées à l'arrivée du chemin de fer mais surtout la profonde incidence de la guerre 14-18.
J'ai dit que Jean-Edouard régnait en maître absolu mais pas forcément incontesté puisque chacun des enfants quittera, l'un après l'autre, le giron familial pour aller faire sa vie ailleurs et surtout fuir les exigences et les réprimandes du patriarche.
La guerre de 14-18 sera un accélérateur des mutations dans la société dans la mesure où les femmes ont dû apprendre à se débrouiller seules pendant quatre ans et où les soldats survivants rentrés chez eux entendent bien jouer leur carte car ils ont découvert qu'ailleurs on pouvait vivre aussi et possiblement mieux.
Le style de Michelet est très agréable à lire car très simple. Michelet est un conteur qui mêle adroitement l'histoire familiale dans un cadre de traditions rurales ponctué par les personnages clés de la commune à cette époque, que sont le curé (opposé aux lois de séparation de l'Eglise et de l'Etat !), l'instituteur (un hussard de la république !), le toubib ( qui sait tout à travers les accouchements et les maladies) et enfin le maire qui négocie, qui organise et est surtout homme de compromis.
On (le lecteur) compatit au lourd labeur quotidien, aux joies simples, aux rivalités entre fermiers ou propriétaires, aux inquiétudes des uns, aux amours des autres, aux espoirs.
On (le lecteur) partage la grande empathie que Michelet développe pour ses personnages.
C'est encore un livre qu'on ne lâche pas facilement et qu'on quitte à regret pour retrouver bientôt la suite "Les palombes ne passeront plus"