Une narration métaphorique
Pour les amateurs de SF et ceux qui s'intéressent à la structure narrative du roman, ce livre est un incontournable.
Tout d'abord, en ce qui concerne l'architecture de l'oeuvre, chaque chapitre fonctionne indépendamment, à l'instar d'une nouvelle mais en réalité, tous sont intimement imbriqués de manière à ce que le lecteur puisse reconstituer le puzzle et admirer le galatique tableau. Celui-ci se construit autour d'une intrigue particulièrement énigmatique : Quelle est cette pratique du tissage de tapis de cheveux au nom d'un empereur, et surtout quel en est le but ?
Sans vouloir en dévoiler les mystères, l'oeuvre traite tour à tour de la question du pouvoir et de sa légitimité, de l'obscurantisme ou encore de l'asservissement des peuples.
Certains lecteurs auront pu être déçus par la chute face à un suspense aussi bien mené. Pour ma part, je ne l'ai pas été (spoiler) parce qu'il me semble que c'est le propre des tyrannies, de ne reposer que sur la folie d'un homme avec un ego démesuré. De plus, le tragique n'en est que d'autant plus poignant face à l'absurdité de la situation.
À l'image des tisseurs de tapis, Eschbach construit son oeuvre à partir d'une trame narrative efficace et noue minutieusement le fil conducteur qu'est l'intrigue pour tenir en haleine son lecteur jusqu'au résultat final.