Les éditions Pix'n Love ne cessent de nous gâter, les parutions s'enchaînent et sont de qualité, toutefois le temps manque parfois pour satisfaire nos yeux avides d'anecdotes et d'analyses. Il serait cependant dommage de passer à côté du livre d'Alexis Blanchet. Eminemment sympathique, passionné et surtout passionnant, Des Pixels à Hollywood propose une refonte des travaux fournis pour sa thèse de doctorat, l'occasion de revenir sur quarante ans de rapports entre le cinéma et les jeux vidéo, voguant entre l'amour et la haine.
Il faut l'avouer, quand on évoque les connexions entre cinéma et jeux vidéo, on a rapidement tendance à voir apparaître des images peu glorieuses d'adaptations aussi ratées les unes que les autres. Du haut de ses 450 pages (!), le bouquin va beaucoup plus loin que tout cela, soutenu par une base de données conséquente, regroupant plus de 500 films, parents d'une masse de plusieurs milliers de transpositions vidéoludiques. L'aventure démarre au début des années 70 et décrit les liens fluctuants des deux entités jusqu'à notre décennie. Adoptant un ton clair et précis, un brin académique, Alexis Blanchet nous conte une histoire pleine de mouvements et de va-et-vient. Des gros carrés monochromes retranscrivant la terreur de Jaws (Les Dents de la Mer) jusqu'à la collaboration technique entre les studios de développement pour une conception simultanée du film et de son pendant ludique, la route est longue et semée de surprises. Fait amusant relevé : les films s'inspirant de jeux qui ne peuvent s'empêcher d'en donner une image, si ce n'est négative, au moins réductrice. Parmi les descriptions des situations en place, le récit se ponctue d'exemples parlants et d'observations pertinentes. Que demander de plus ? Il est difficile de prendre en défaut Des Pixels à Hollywood qui s'avère exhaustif, intéressant et richement documenté. Pour les gamers de longue date, les éclairages sur d'anciens titres sont particulièrement attrayants. Les éléments qui nous faisaient rêver il y a vingt ans sont replacés dans un contexte explicite, qui nous échappait fatalement à l'époque. L'occasion de remettre en perspective toute leur évolution ! Que les amateurs peu éclairés se rassurent, le livre est accessible et vous donnera certainement envie de découvrir par vous-mêmes les nombreux jeux / films cités.
Pour parachever le tout, la forme rejoint le fond, grâce à une superbe couverture de Jinjo CokteZ : des classiques hollywoodiens sont envahis par leurs équivalents numériques, représentés dans un style rétro totalement réjouissant. Si les illustrations d'intérieur sont en noir et blanc, le texte est privilégié et c'est le principal. Des Pixels à Hollywood s'avère, sans étonnement, hautement recommandable.